INTERVIEW - Le secrétaire général de la CFDT met en garde le chef de l’Etat contre une forme de pouvoir trop verticale. Il l’appelle à développer la cogestion dans les entreprises.
Quelle lecture la CFDT fait-elle des résultats de l'élection présidentielle ?
Ce qui frappe, c'est le peu d'enthousiasme après la victoire d'Emmanuel Macron sur le Front national, l'absence d'émotion, contrairement au 21 avril 2002. Cette élection présidentielle révèle plusieurs choses : une formidable attente de renouvellement, mais aussi beaucoup de défiance à l'égard des responsables politiques ainsi qu'un sentiment d'abandon de la part de certains Français. Il y a une sorte de « nihilisme » politique qui s'est exprimé. Trop de Français sont tout simplement « paumés ». La société française est en attente de sens et de décisions « à hauteur d'homme », au service d'un projet collectif et non pas imposé d'en haut. Le nouveau président doit faire attention à sa façon de fonctionner : une forme de pouvoir jupitérien, trop vertical, ne pourrait pas marcher.
Edouard Philippe vient d'être nommé Premier ministre. Y voyez-vous un signal positif ou négatif ? Et quel devrait être, selon vous, le profil du futur ministre du Travail ?
La CFDT prend acte de la nomination d'Edouard Philippe. Nous ne choisissons pas nos interlocuteurs. Personnellement, je ne le connais pas. Je ne sais pas quelle est sa conception du dialogue social. Il faudra qu'on le rencontre très vite pour entrer dans le fond des dossiers.
Pour ce qui est du prochain ministre du Travail, pour nous, dans l'idéal, ce doit être quelqu'un qui connaît le monde du travail, ses nécessités économiques mais aussi son besoin de justice sociale, quelqu'un qui croit au dialogue social et qui a envie de s'occuper d'emploi, mais aussi de travail. Notre enquête auprès des salariés l'a montré, il y a une profonde aspiration à rendre plus visible ce qui fait la vie quotidienne des salariés, les questions de conditions de travail, la construction de vrais espaces de dialogue pour les salariés...
Où sont les lignes de fracture dans la société française, selon vous ?
Ce ne sont pas 7 millions de partisans d'extrême droite qui ont voté Marine Le Pen au premier tour, ce sont souvent des Français qui ont l'impression d'être oubliés, à cause d'industries qui sont parties, de services publics qui ont fermé... Quand le premier médecin est à 45 kilomètres de chez vous, vous avez le sentiment d'être abandonné. Il faut sortir de la seule macroéconomie et faire des propositions qui changent réellement la vie de ces citoyens.
Les prix mentionnés dans cet article le sont à titre indicatif et sont susceptibles d’évoluer. Certains liens de cet article sont des liens d'affiliation, susceptibles d'utiliser des cookies afin de permettre à Iziva.com de percevoir une commission en cas d'achat sur le site partenaire.
Articles en Relation
Comment Lego a envahi le marché des jouets à construire pour adultes
Comment Lego a envahi le marché des jouets à construire pour adultes
Pour construire ce lego de 9090 pièces...
« Shogun », une série fidèle à l’histoire du Japon féodal ?
Capture d e cran a.
« Shogun », une série fidèle à l’histoire du Japon féodal ?
Pierre-Emmanuel Bachelet, ENS de Lyon
Entre ...
Accent étranger et célébrité : des stéréotypes et du sexisme
L'accent italien de Monica Bellucci semble inséparable de son identité. Reza Veziri/Flickr, CC BY
Accent étranger et célébrité : des stéréotypes ...
Vins et bières sans alcool : comment se rapprocher du goût « original »
Image de Freepik
Vins et bières sans alcool : comment se rapprocher du goût « original »
Il existe une large gamme...
Le skateboard, un atout pour la ville de demain ?
Image de freepik
Le skateboard, un atout pour la ville de demain ?
Le skateboard bâtit son identité à travers son ...
Les adolescents et les jeunes adultes face à leur identité de genre
« Gender fluid », « non-binaires », « queer » ou bien encore « genre ». La palette des auto-determinations de genre augmente progressivement, jusqu’à ...