Froid et douleurs articulaires : en hiver, mieux vaut bouger que ne rien faire

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Froid et douleurs articulaires : en hiver, mieux vaut bouger que ne rien faire

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Charlotte Ganderton, RMIT University; Inge Gnatt, Swinburne University of Technology et Matthew King, La Trobe University

Un Australien sur trois souffre d’une affection musculosquelettique impliquant des douleurs articulaires (en France, en 2016, une personne interrogée sur deux déclarait avoir déjà eu des douleurs articulaires, ndlr).

À l’origine de ces maux figure le plus souvent l’arthrose, une pathologie qui affecte aujourd’hui environ 3,6 millions de personnes en Australie, et pourrait en toucher jusqu’à 5,4 millions d’ici 2030 (en France, on estime à l’heure actuelle que plus de 12 millions de personnes souffrent de rhumatismes, dont 9 millions d’arthrose et 600 000 de rhumatismes inflammatoires chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite, ndlr).

Pour certaines de ces personnes, le temps froid semble aggraver la situation. Mais ce n’est probablement pas qu’une question de température. Divers facteurs pourraient en effet être susceptibles d’influencer et de renforcer la perception de telles douleurs. Certains travaux suggèrent par exemple que la perception plus aiguë de la douleur en hiver pourrait être liée à des fluctuations saisonnières de la maladie, à un manque de vitamine D, voire à l’influence sur notre organisme des basses pressions. Mais les données manquent encore pour tirer des conclusions sur les liens entre météo et douleurs, et d’autres recherches seront nécessaires pour confirmer ou infirmer ces résultats.

Quoi qu’il en soit, nous n’avons de toute façon pas beaucoup de marge de manœuvre en ce qui concerne la météo. En revanche, nous pouvons agir sur d’autres paramètres qui influencent la douleur et sa perception. C’est notamment le cas de la qualité du sommeil, de l’humeur ou du niveau d’activité physique.

Ce dernier point est très important : l’exercice physique permet en effet d’améliorer le fonctionnement de notre organisme, notre force et notre mobilité. Il est également bénéfique pour notre santé mentale, et permet de réduire le risque de survenue de nombreuses maladies chroniques.

Il ne faut donc surtout pas que les douleurs ressenties constituent un prétexte pour éviter de faire de l’exercice, faute de quoi un cercle vicieux qui pourrait accentuer lesdites douleurs risquerait de se mettre en place. Comment y parvenir ?

La douleur, ou comment notre cerveau tente de nous protéger

On peut considérer la douleur est le moyen employé par notre cerveau pour protéger le reste de notre corps : elle agit en effet comme une sorte de système d’alarme intégré dont le rôle est de nous avertir d’un danger imminent, ou de la survenue d’un préjudice, afin que nous puissions réagir de manière adéquate.

Mais outre le fait que nous ne soyons pas tous égaux face à elle, la douleur n’est pas toujours un indicateur fiable des dommages réellement subis par notre peau, nos muscles ou nos os. En effet, dans certains cas, ce système d’alerte peut engendrer des faux positifs, autrement dit, sonner l’alarme quand ce n’est pas nécessaire.

Ainsi, les douleurs articulaires et la raideur peuvent sembler s’aggraver par temps froid, alors que ce n’est pas forcément le cas. Cela peut susciter des inquiétudes et nous amener à moins pratiquer d’exercice, de crainte de risquer d’aggraver la situation.

Or, un tel comportement peut s’avérer contre-productif : éviter toute activité physique peut en effet aggraver la douleur plutôt que l’atténuer. Ce qui peut être particulièrement problématique en hiver, alors que nous sommes déjà moins actifs.

Nous avons tendance à faire moins d’exercice quand il fait froid

Les saisons influencent notre niveau d’activité physique. Lorsque les journées s’allongent et que les températures redeviennent clémentes, comme durant les mois d’été, les gens ont tendance à sortir davantage. Une météo plus chaude suscite également des sentiments positifs, et l’amélioration de l’humeur qui en résulte est aussi plus susceptible d’entraîner un regain d’activité physique.

Au contraire, durant les mois les plus frais de l’année, nous avons tendance à passer plus de temps à l’intérieur, afin de profiter de davantage de confort, et notre niveau d’activité physique tend de ce fait à diminuer.

Cette réduction de nos mouvements, conjuguée à une exposition moindre à la lumière, peut mener à une augmentation des douleurs articulaires, et être également associée à une dégradation de notre sensation de bien-être et de notre humeur. Se met alors en place un cercle vicieux qui peut aggraver les symptômes au fil du temps.

Il est cependant possible, en s’appuyant sur quelques connaissances et avec un peu d’assistance, de rester actif durant ces périodes. Le recours à des professionnels de la santé, médecins ou spécialistes en activité physique adaptée), qui seront à même de nous aider à nous fixer des objectifs et à mettre en place les programmes nécessaires pour les atteindre, peut être appréciable.

Et certaines petites stratégies du quotidien peuvent aussi être s’avérer efficaces pour ne pas trop se laisser aller en hiver.

Se motiver pour rester actif

Lorsque l’on souhaite rester actif durant la période hivernale (et au-delà), il est utile dans un premier temps de faire le point sur les nombreux facteurs interconnectés qui affectent notre santé. Pour résumer, il s’agit principalement :

  • de facteurs biologiques (notre bagage génétique, les maladies éventuelles qui peuvent nous affecter) ;

  • de facteurs psychologiques (notre façon de penser, de ressentir et de réagir) ;

  • de facteurs sociaux (quelles sont nos relations sociales, quel soutien nous pouvons en retirer…).

Il faut aussi avoir conscience que trop se focaliser sur l’objectif final à accomplir n’est peut-être pas la meilleure des choses à faire. En effet, s’il est trop élevé, cela peut s’avérer démotivant. Mieux vaut procéder par étapes, en se fixant des objectifs intermédiaires facilement atteignables.

Il peut par exemple s’agir de ne plus se garer juste devant la porte du magasin dans lequel on souhaite faire ses courses, mais à une certaine distance, que l’on prendra soin d’augmenter progressivement, afin d’augmenter sa tolérance à l’exercice. Ou de monter quelques marches plutôt que de prendre systématiquement l’ascenseur ou l’escalator.

De même, mieux vaut pratiquer quelques minutes par jour, plutôt que de s’astreindre à une seule longue séance éprouvante une fois par semaine. Il est aussi important d’établir des objectifs qui ont une signification personnelle, et qui pourront faire l’objet d’une petite célébration entre amis ou d’une petite récompense (comme un bon repas) lorsqu’ils auront été accomplis. Pour prendre une image, il s’agit de grimper progressivement chaque barreau de sa propre échelle.

Si vous ne savez pas par où commencer, parlez-en à vos amis, ou prenez contact avec un professionnel de la santé qui pourra vous aider à déterminer des objectifs réalistes et qui correspondent à votre situation. Bénéficier d’un accompagnement adapté, qui tient compte de son niveau de douleur et de sa tolérance à sa survenue, permet de se concentrer sur le but à atteindre. Débarrassé de vos craintes, il vous sera plus facile de garder votre motivation.

Charlotte Ganderton, Senior Lecturer (Physiotherapy), RMIT University; Inge Gnatt, Lecturer (Psychology), Provisional Psychologist, Swinburne University of Technology et Matthew King, Lecturer, Research Fellow, and Physiotherapist, La Trobe University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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