Les discussions entre l’opérateur et le groupe de médias, propriétaire des chaînes BFM-TV, RMC Découverte et RMC Story, se sont soldées par un échec potentiellement lourd de conséquences.
Les abonnés de Free devront se passer de BFM-TV, RMC Découverte et RMC Story. Après des semaines d’âpres négociations, la rupture entre Altice, maison mère de SFR et propriétaire des trois chaînes, et Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire à titre personnel du Monde) est consommée.
Ainsi, l’opérateur a coupé le signal, mardi 27 août peu avant minuit, constatant l’échec des discussions. « Faute d’accord, aujourd’hui, nous devons donc arrêter la reprise intégrale et simultanée de la chaîne sur nos réseaux », a expliqué M. Niel dans une tribune aux Echos. « Nos abonnés qui le souhaitent pourront toujours continuer à la regarder sur la TNT. La TNT est en effet disponible sur toutes nos box. » Mais cela suppose un branchement supplémentaire.
Cette coupure marque le point d’orgue du différend qui oppose les deux camps depuis le 20 mars, date à laquelle l’accord initial de diffusion, conclu il y a plusieurs années, est arrivé à échéance. Estimant que le modèle traditionnellement admis devait évoluer, Altice souhaitait profiter de l’occasion pour renégocier les termes du contrat et, à l’instar des accords passés par le groupe de médias avec SFR et Bouygues Telecom, exigeait de Free une rémunération pour l’accès à son bouquet de chaînes et à ses services ajoutés, tels que la télévision de rattrapage ou la disponibilité de programmes en avant-première. Des conditions jugées inadmissibles par l’opérateur de Xavier Niel qui se refuse, par principe, à rémunérer des chaînes gratuites de la TNT.
Free prêt à payer… mais pas pour tout
Concrètement, Free est prêt à payer, comme il le fait déjà pour TF1 et M6, pour les contenus délinéarisés des chaînes, c’est-à-dire les services ajoutés, mais pas pour les contenus linéaires, autrement dit les programmes diffusés en direct. Or, Altice entendait conclure un accord englobant l’ensemble des contenus. « TF1 et M6 ont obtenu d’être rémunérés pour la reprise de leurs services associés (TV de rattrapage…), car leur valeur pour nos abonnés est établie. Mais nous ne payons pas pour la reprise du signal linéaire (la chaîne elle-même) », poursuit M. Niel dans Les Echos. Il ajoute que le montant discuté lors des négociations en juillet était « sans commune mesure avec les 4 millions d’euros récemment évoqués par Alain Weill [le patron d’Altice France] pour l’ensemble des chaînes de la TNT de leur groupe ».
Il ne s’agit pas du premier conflit du genre. En 2018, TF1 et M6 s’étaient déjà heurtés aux opérateurs, ce qui avait donné lieu – fait inédit – à une brève coupure du signal de TF1 par Canal+, et à des menaces d’arrêt de diffusion de la part d’Orange et de Free. Après plusieurs semaines de tensions, les opérateurs avaient abdiqué et accepté, à contrecœur, de sortir leurs carnets de chèques.
Arrivée d’Orange dans l’équation
Sans accord commercial en bonne et due forme avec Altice, Free n’avait pas d’autre choix que de couper le signal. Fin juillet, le tribunal de grande instance de Paris, saisi par Altice, avait sommé l’opérateur, accusé de pirater les chaînes du groupe de médias, de cesser leur diffusion sans autorisation d’ici au 26 août, sous peine d’une amende de 100 000 euros par chaîne et par jour de retard.
Pour Altice et Free, cette impasse pourrait être lourde de conséquences. D’une part pour Altice, pour qui l’arrêt de la diffusion de ses chaînes auprès des quelque 6,5 millions d’abonnés de Free risque de priver la maison mère de SFR d’une partie non négligeable de ses téléspectateurs et de faire chuter ses audiences. D’autre part pour Free, qui pourrait voir une partie de ses abonnés mécontents de l’absence des trois chaînes d’Altice déserter ses rangs pour un autre opérateur.
La situation pourrait encore se corser avec l’arrivée d’Orange dans l’équation. L’opérateur historique doit, lui aussi, renouveler en septembre son accord de diffusion avec Altice. Ce dernier expirait en juillet, mais Altice avait préféré en repousser l’échéance. Or, Orange, qui compte plus de 10 millions d’abonnés, serait également peu disposé à débourser plusieurs millions d’euros pour accéder aux trois chaînes de la discorde.
Réagissant, mardi 27 août, au micro de Jean-Jacques Bourdin sur la radio RMC, Alain Weill a regretté que Free et Altice en soient arrivés « à la coupure ». « J’espère qu’on trouvera une solution dans les jours qui viennent », a-t-il conclu.
Source : Faute d’accord avec Altice, Free cesse la diffusion de BFM-TV sur sa box
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