Décrochage scolaire : le taux de sorties du système sans diplôme en baisse - Le Monde

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Quand elle repense à son parcours scolaire, Aline (son prénom a été modifié), 18 ans et depuis deux ans, déjà, en rupture de formation, a le sentiment que « tout s’est joué très tôt ». Très tôt, le sentiment d’être en échec : « Dès le CP, en fait », confie-t-elle. Très tôt, aussi, la certitude de ne pas être à sa place. « J’avais peu d’amis à l’école, pas d’adulte à qui dire mes difficultés, je me sentais seule… »

A l’entrée au collège, Aline se sent « perdue », « jamais au niveau » ; elle fait le choix de se faire oublier « au fond de la classe ». C’est en 4e qu’elle commence à « sécher » d’abord une heure de cours (« souvent la première, je ne voyais pas l’intérêt de me lever »), puis une matinée, jusqu’à enchaîner les journées enfermée chez elle. Elle passe pourtant en 3e mais n’obtient pas son brevet. « La honte… » On lui propose une orientation en seconde professionnelle. « J’ai eu le sentiment qu’on voulait me lancer dans la vie active, alors que je ne me sentais même pas une élève à part entière ! » Aline n’a jamais pris le chemin du lycée.

 

Aline fait partie des quelque 100 000 jeunes qui sortent chaque année, depuis 2015, du système éducatif sans diplôme de fin d’études secondaires (CAP ou baccalauréat). Avec l’impact que l’on sait sur l’estime de soi mais aussi un risque important d’inactivité ou de chômage de longue durée. Reste que le taux de jeunes sortant sans diplôme a baissé de 3 points entre 2011 et 2015, pour atteindre 13 % – soit 100 000 –, a salué le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) en présentant, jeudi 7 décembre, un état des lieux de la recherche sur le sujet, avec plusieurs enquêtes et rapports publiés vendredi 8 décembre.

Une myriade d’indicateurs

Les bonnes nouvelles sur l’école sont suffisamment rares pour être saluées : « Depuis 2008, dans une logique de continuité enjambant les échéances électorales et dépassant les clivages partisans, la lutte contre le décrochage (…) a commencé à porter ses fruits en France, observe la sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco. Le reflux concerne toutes les académies. »

Sous la droite, au début des années 2010, on estimait encore ces « perdus de vue » entre 140 000 et 180 000, voire plus. A la rentrée 2016, l’ex-ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, avait annoncé un passage « sous la barre symbolique » des 100 000 décrocheurs, fixant l’objectif de 80 000. « Des marges de progrès sont encore possibles », estime Pierre-Yves Bernard, du Centre de recherche en éducation de Nantes, auteur d’un des rapports publiés par le Cnesco. ».


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