Alors que trois quarts des Californiens estimaient que les autorités devraient limiter la construction dans les zones à risques après les incendies de l’automne 2018, les pouvoirs publics ont renoncé à dissuader qui que ce soit, souligne Corine Lesnes, journaliste au « Monde » dans sa chronique.
Chronique. Incorrigibles Californiens ! Toujours prêts à croire aux lendemains meilleurs. Ou à s’aveugler, comme on voudra. A peine leurs maisons ont-elles été réduites en cendres que les voilà prêts à reconstruire. Tout le monde se souvient des incendies de l’automne 2018, les plus meurtriers que l’Etat ait jamais connus. Une puissance de feu sans précédent qui avait déboulé sur le nord du Golden State et la localité de Paradise, où 85 habitants avaient trouvé la mort dans ce « Camp Fire ». Un autre incendie s’était déclenché en même temps au sud, à Malibu, sur les collines dorées de Los Angeles. Pauvres et riches frappés simultanément par les flammes. Caravanes rouillées et manoirs avec vue sur océan, détruits sans discrimination.
A l’orée de la nouvelle saison des incendies, les leçons ont-elles été tirées ? L’institut d’études gouvernementales de l’université de Berkeley a réalisé un sondage sur le sujet. A la question, faut-il rebâtir dans les zones à risques, les Californiens ont répondu dans un cri du cœur : non et non. Selon l’enquête publiée par le Los Angeles Times, trois quarts des habitants estiment que les autorités devraient limiter la construction dans les zones à risques. Démocrates et républicains confondus. Habitants du comté de Paradise, inclus. Tous unis dans un même principe de précaution – et de raison.
Au nom des cow-boys de la ruée vers l’Ouest
Bizarrement, ces mêmes Californiens ont pourtant entrepris l’inverse de ce qu’ils professent : la reconstruction dans les endroits sinistrés. Du nord au sud de l’Etat, on nettoie, on rouvre, on réinvestit, même si, comme à Paradise, l’eau reste impropre à la consommation. Les pouvoirs publics ont renoncé à dissuader qui que ce soit. « Il y a quelque chose de fondamentalement californien, dans cet esprit pionnier des grands espaces, a plaidé le gouverneur Gavin Newsom. Je ne suis pas partisan d’interdire » la construction. Rebâtissons donc, au nom des cow-boys de la ruée vers l’Ouest.
Les autorités ont préféré se concentrer sur le grand coupable, la compagnie électrique PG&E, déjà mise en cause dans nombre de négligences environnementales depuis les années 1990 (on se souvient du combat d’Erin Brockovich, l’héroïne du film incarnée par Julia Roberts). Cette fois, difficile d’esquiver ses responsabilités. En janvier, PG&E s’est déclaré en faillite et la PDG Geisha Williams a rapidement démissionné, non sans avoir touché un bonus de 2,5 millions de dollars.
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