L’entreprise va devoir accélérer les suppressions d’emplois au rythme de 2 000 par an, rendre ses agents polyvalents et rémunérer davantage ses agents à la performance.
La Cour des comptes a rendu public, lundi 18 novembre, un rapport très critique sur « la gestion des ressources humaines » de la SNCF entre 2012 et 2017. Un de plus, dans une longue litanie de documents sévères. Mais à trois semaines de la grève massive du 5 décembre pour la défense du régime de retraite des cheminots, celui-ci pourrait renforcer les tensions déjà très fortes au sein de l’entreprise ferroviaire. Les magistrats auditeurs de la rue Cambon jugent, en effet, qu’elle devra notamment accélérer les suppressions d’emplois « au même rythme » qu’en 2017 (– 2 000 postes équivalent temps plein) et revenir sur quelques avantages acquis très symboliques.
Depuis dix ans, plusieurs rapports de la Cour ont souligné la lenteur des évolutions au sein du groupe public. Mais la réforme ferroviaire votée en 2018 le met face au défi d’une « évolution majeure » : arrêt du recrutement sous statut, transformation en plusieurs sociétés anonymes au 1er janvier 2020, ouverture progressive à la concurrence du transport intérieur de voyageurs (déjà acquise dans le fret et l’international). Le tout, sous la pression d’un Etat qui exige « une plus grande performance économique ».
Celle-ci passe, selon la Cour, par « une meilleure productivité du travail, une plus grande maîtrise de la masse salariale et une adaptation du modèle social historique ». Et donc par des « transformations profondes » de la gestion des ressources humaines d’une entreprise de 145 000 agents où les syndicats restent puissants. Au cours des six années étudiées, les effectifs ont diminué de 6 000 postes équivalents temps plein.
Masse salariale à la dérive
Cet « effort » a pâti d’une « mise en œuvre trop lente des programmes de transformations technologiques (notamment pour SNCF Réseau) », des demandes des régions et de l’Etat pour plus de trains et de services, ainsi que du « recours important » à l’intérim et aux heures supplémentaires, déplore la Cour. Et l’effort a été plus soutenu à SNCF Mobilités (transport de voyageurs et fret) qu’à SNCF Réseau (voies ferrées, signalisation…), où elle relève une « insuffisance des gains de productivité dégagés ».
Il est urgent de renégocier l’accord sur l’organisation du travail afin d’en finir avec « l’inadaptation des règles » à certains métiers et activités et avec « le sous-emploi de certains personnels », préviennent les rapporteurs, qui dénoncent des « excédents dans certains métiers et certaines régions ». Le groupe devra aussi « développer la polyvalence » des agents, très en retard, remettre à plat des accords nationaux ou locaux (compte épargne temps, forfait jours, usages locaux…) et réduire un taux d’absentéisme « en hausse ».
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