Olivier Garnier est directeur général des études et des relations internationales à la Banque de France. Il passé par l’Insee, le ministère de l’économie et des finances et est membre du conseil scientifique de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).
Le XXe siècle a été marqué par des épisodes inflationnistes ou déflationnistes. Que sait-on des siècles précédents ?
Deux types d’épisodes inflationnistes ont été observés en Europe. Pour faire face à la chute des revenus fiscaux ou financer un conflit, comme au moment de la guerre de Cent Ans, le roi manipule la valeur légale de la monnaie et, souvent, en augmente la quantité en circulation, ce qui a pour effet d’en diminuer le pouvoir d’achat – et donc, de gonfler les prix. Le second type d’épisode est apparu après 1492.
L’économiste et philosophe français Jean Bodin l’a décrit au XVIe siècle : l’afflux soudain de métaux précieux venus du Mexique et de Colombie se traduisait par une surabondance de frappe de monnaie, en faisant, là encore, chuter la valeur relativement aux autres marchandises, comme le pain et les aliments de base.
La première vague de mondialisation, à la fin du XIXe siècle, s’est-elle accompagnée d’une hausse des prix ?
Non, bien au contraire. Entre 1820 et 1913, l’indice des prix n’a guère progressé de plus de 0,5 % par an en moyenne en France. Entre 1870 et le milieu des années 1890, on observe même une période de déflation, liée à l’ouverture des échanges commerciaux et aux gains de productivité qu’elle a permis.
C’est ce que certains considèrent comme de la « bonne » déflation qui a profité au pouvoir d’achat de la classe moyenne naissante, par opposition à l’épisode déflationniste observé durant la grande dépression des années 1930, où il y a eu une spirale baissière des revenus, de la demande et des prix. Par certains aspects, la période 1870-1890 est comparable à celle...
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