L'Elysée a publié ce lundi la "charte de transparence relative au conjoint du chef de l'État". Que signifie ce document, premier du genre dans l'histoire politique française?
Emmanuel Macron avait prévenu: s'il était élu président de la République, son épouse Brigitte Macron aurait un rôle défini. Allait-il modifier la Constitution pour y inscrire un statut de "première dame"? Émettre un décret? Ce 21 août, sur le site de l'Elysée, c'est un document intitulé "Charte de transparence relative au statut du conjoint du Chef de l'Etat" qui tente de clarifier ce rôle.
On apprend ainsi que Brigitte Macron "assurera la représentation de la France, aux côtés du Président de la République, lors des sommets et réunions internationales", qu'elle "répondra aux sollicitations des Français et des personnalités françaises et étrangères qui souhaitent la rencontrer", et qu'elle "supervisera la tenue des manifestations et réceptions officielles au sein du Palais de l'Elysée." Brigitte Macron répondra aussi au courrier qu'elle reçoit avec l'aide d'un secrétariat mis à sa disposition, et aura deux collaborateurs détachés du cabinet d'Emmanuel Macron pour l'épauler.
Brigitte Macron n'a toujours pas de statut
"Il s'agit là d'une volonté de clarification déjà formulée par le passé par le couple Macron, estime Jean Garrigues, historien français et spécialiste d'histoire politique interrogé par L'Express. Il n'est donc pas question d'un statut mais d'un engagement qui n'est valable que pour Brigitte Macron, personnellement."
Michel Lascombe, professeur à Sciences-Po Lille, se veut plus dubitatif. "Ce n'est pas un statut, non. D'un point de vue de la forme, c'est assez original pour ne pas dire curieux, ironise-t-il auprès de L'Express. Certaines dispositions sont présentées de façon générique avec l'emploi du 'conjoint' du chef de l'Etat, tandis que parfois, dans le texte, il est fait aussi clairement fait mention de madame Brigitte Macron. Pour le dire assez crûment, j'ai l'impression que ça n'a pas été relu."
Le texte a toutefois le mérite, selon Jean Garrigues, de clarifier une situation qui a toujours été très floue. "Ce texte reprend des choses assez classiques, puisque toutes les femmes de président ont patronné des fondations. Là, disons que c'est un éclaircissement cosmétique. Mais après le 'Penelopegate', c'était un enjeu majeur."
L'idée d'Emmanuel Macron est aussi de démontrer qu'il y a une certaine réduction de la voilure: alors que Bernadette Chirac avait 21 collaborateurs, Carla Bruni huit, et Valérie Trierweiler cinq, Brigitte Macron, elle, n'en a que deux. "Il y a aussi le secrétariat qui est indiqué, rappelle Michel Lascombe. Malgré tout, cela restera flou tant que la Cour des comptes ne fera pas son rapport. C'est elle seule qui pourra nous dire combien d'emplois sont dédiés à l'épouse d'Emmanuel Macron." Le professeur regrette qu'aucune ligne budgétaire ne soit spécifiquement prévue pour l'épouse du président. "En définitive, elle va s'appuyer sur le cabinet du président de la République, déplore Michel Lascombe. On ne change donc pas le mécanisme. Les dépenses du conjoint sont faites sur le compte du chef de l'Etat, ce qui est un peu dommage et ne facilitera sans doute pas le travail de la Cour des comptes."
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