Le prix Nobel de médecin 2017 vient d'être décerné à trois chercheurs qui ont mis en lumière les mécanismes fondamentaux de l'horloge interne des animaux. Tous, humains compris, suivent des activités biologiques périodiques et prévisibles, et une altération de ces rythmes est maintenant considérée comme pathogène. En 2015, des chercheurs démontraient que trois mois consécutifs de perturbations des cycles jour-nuit suffisent pour induire un vieillissement cellulaire prématuré et un état prédiabétique chez un rongeur diurne.
Communiqué du CNRS paru le 12 novembre 2015
Le travail posté ou des voyages aériens longs et fréquents sont des conditions socioprofessionnelles devenues fréquentes. Ces situations provoquent des expositions à la lumière pendant la période habituelle de repos, ainsi que des horaires de sommeil et de repas irréguliers. De nombreuses études épidémiologiques montrent que de telles conditions de désynchronisation circadienne favorisent l'apparition de troubles métaboliques, tels que le diabète de type 2, l'obésité et les maladies cardiovasculaires.
Chez les rongeurs nocturnes, l'altération expérimentale des rythmes circadiens a été souvent associée à une adiposité augmentée, une intolérance au glucose et une diminution de la réponse immunitaire. Cette observation est intrigante car ces mêmes symptômes sont typiquement observés lors du vieillissement biologique. En effet, des perturbations circadiennes à long terme ou des déficiences génétiques affectant les horloges circadiennes conduisent à une espérance de vie raccourcie des rongeurs. Ces observations suggèrent que la désynchronisation des horloges circadiennes pourrait accélérer les mécanismes de vieillissement, qui, à leur tour, participeraient à l'apparition de troubles métaboliques.
Pour tester cette hypothèse, une équipe de l'institut des Neurosciences cellulaires et intégratives a choisi d'étudier le rat roussard (Arvicanthis) en collaboration avec une équipe d'écologistes de l'institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, spécialisée dans l'étude de la diversité et de l'évolution des longévités animales. Ce rongeur diurne est élevé au Chronobiotron de Strasbourg, une plateforme d'expérimentation animale spécialisée dans l'étude des rythmes biologiques. L'intérêt expérimental du rat roussard réside dans le fait que les rongeurs diurnes, actifs durant la journée comme les humains, sont de meilleurs modèles animaux que les rongeurs nocturnes habituellement utilisés pour étudier les liens entre pathologies humaines et rythmes circadiens.
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