La prise en charge de la déradicalisation en France est un « échec » et les pouvoirs publics doivent changer de « concept », selon un rapport des sénatrices Esther Benbassa et Catherine Troendlé. L’élue écologiste et sa collègue Les Républicains ont remis, mercredi 22 février, leur rapport d’étape de leur mission d’information baptisée « Désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en France et en Europe ». Les travaux ont débuté au printemps 2016 et le rapport final devrait être publié en juin.
Dans ce point d’étape, les deux rapporteures dressent notamment un bilan global peu flatteur de la politique de déradicalisation et en particulier du centre dédié de Pontourny (Indre-et-Loire), où elles se sont rendues. « C’est un fiasco complet, tout est à repenser, tout est à reconstruire », a commenté le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas.
Un rapport qui intervient alors que le gouvernement a depuis plusieurs mois amorcé un changement de politique sur ce sujet. Se défendant de réaliser un réquisitoire contre les autorités publiques, Mme Benbassa considère d’ailleurs que dans cette mission de déradicalisation « il n’y aura pas de miracle » et qu’il faudra rester« modeste et patient ».
Un climat d’urgence
Pour comprendre les raisons de cet « échec », il faut remonter quelques années plus tôt, à l’automne 2014, période à laquelle l’exécutif a mis en place ses premières mesures pour endiguer le phénomène de radicalisation latent en France, et qui conduit déjà certains jeunes sur les terres de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.
Les mois suivants verront se succéder une série d’attentats (en janvier puis en novembre 2015) et de tentatives d’attentats, notamment l’attaque ratée du Thalys par Ayoub El Khazzani et celle de Villejuif par Sid Ahmed Ghlam.
C’est dans ce contexte de menace diffuse que le gouvernement s’attaque au dossier ardu de la « déradicalisation » – terme désormais décrié au profit du « désendoctrinement » ou du « désembrigadement ». Un contexte d’urgence, qui n’incite pas les autorités à prendre les bonnes décisions, selon Mme Benbassa.
Lire la suite : Rapport sur la déradicalisation : « il n'y aura pas de miracle » - Le Monde
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