Sous couvert de « renforcer notre immunité » pour combattre le SARS-CoV-2, des conseils alimentaires plus ou moins pertinents circulent sur internet. Démêlons le vrai du faux.
Depuis le début de la pandémie et du confinement, circulent dans les médias ou sur les réseaux sociaux nombre de conseils concernant l'alimentation. Certains préconisent de manger cru, de jeûner, de boire des boissons chaudes ou de consommer certains aliments pour « renforcer » notre immunité. Alors, faut-il vraiment modifier son régime alimentaire à cause du virus ?
Intox numéro 1 : boire des boissons chaudes
Sous prétexte que le virus ne survivrait pas à une température inférieure à 26 ou 27 degrés (ce qui est faux), boire des boissons chaudes pourrait l'éliminer. En réalité, il faut l'exposer à 65 degrés pendant 5 à 10 minutes pour le tuer. Et si vous buvez votre thé, tisane ou café à cette température pendant 5 à 10 minutes, vous avez toutes les chances de vous brûlez les muqueuses. Conclusion : buvez ce que vous buvez comme d'habitude et si vous êtes malade, privilégiez l'eau et évitez l'alcool. L'exposition au soleil ne tue pas non plus le virus comme l'affirmait un article du magazine Santé Naturelle. Il semble utile de le préciser.
Intox numéro 2 : il faut manger cru et jeûner
Sous prétexte de renforcer des mécanismes d'autophagie ou encore d'éliminer des toxines (au passage, rappellons que la détoxification est un concept qui ne repose sur aucune valeur scientifique), il faudrait jeûner et manger cru. Si la présence de crudités (légumes et fruits) est nécessaire à une bonne santé pour apporter pléthore de vitamines et minéraux essentiels, inutile de manger tout cru d'un coup d'un seul. Vos muqueuses intestinales n'apprécieront sans doute pas un changement aussi brutal et cela sera bien inutile pour limiter votre risque d'infection. En revanche, si vous ne mangez jamais de crudités, il est bien évidemment conseillé de les intégrer progressivement à votre régime alimentaire.
Intox numéro 3 : il faut booster son immunité
Dans un article du Parisien, le président de l'Institut européen de Diététique et de Micronutrition, Didier Chos, préconise de manger des protéines (moitié animal, moitié végétal), des fruits et des légumes, des poissons gras et des huiles riches en oméga 3. Enfin, il conseille de prendre des probiotiques et des plantes médicinales « immunostimulantes ». Tout cela pour « réduire son risque d'infection ». Rien que ça !
En somme, le message de Didier Chos est de manger équilibré -- cette distinction entre protéine animale et protéine végétale n'a pas vraiment de sens. Cette pandémie est peut-être donc l'occasion d'apprendre à manger équilibré, afin d'être globalement en meilleure santé dans sa vie quotidienne.
En revanche, concernant les probiotiques, il n'existe pas de preuves sérieuses pour attester de leur effets. Pour ce qui est des mélanges de plantes (cyprès-échinacée et cyprès-astragale), à priori, il n'existe aucune preuve rigoureuse chez l'Homme d'une réduction des infections via l'ingestion d'infusions de plantes.
Filipe de Vadder, chercheur à l'Institut de génomique fonctionnelle de Lyon (une association contrairement à ce que son nom peut laisser penser), travaillant sur l'axe intestin-cerveau-microbiote, nous rappelle également « qu'il faut absolument arrêter de parler "des probiotiques" en général ». Comme les termes « additifs » ou « pesticides », ces mots regroupent un ensemble de molécules ou de souches bactérienne bien différentes. Dès lors, lorsqu'il est question de probiotiques, il faut préciser quelle souche, à quelle dose, pendant combien de temps, etc.
Enfin, servons-nous de l'article curiologique d'un confrère, Florian Gouthière, pour rappeler des faits essentiels :
- Notre système immunitaire est d'une grande complexité. Dire qu'on le « booste » ou qu'on le « stimule » n'a pas vraiment de sens dans le cadre du paradigme biologique actuel. De plus, aucun régime, aliment ou complément, n'a prouvé son efficacité pour réduire les infections causées par des pathogènes.
- Pour cela, il suffit d'éviter les carences sur le long terme, de bien dormir, d'éviter les toxiques (tabac, alcool, etc.), bien se couvrir par temps de froid, se vacciner et avoir une hygiène correcte, surtout des mains.
Que faut-il faire ?
Pour résumer, si cette pandémie vous pousse à apprendre à manger équilibré et à limiter votre consommation d'aliments ultra-transformés pour les remplacer par des produits bruts afin de passer plus de temps en cuisine : c'est une superbe nouvelle. Avec une activité physique régulière, cela participera de votre bonne santé et de votre bien-être sur le long terme. Cependant, ne comptez pas sur ces nouvelles résolutions pour réduire votre risque d'infection au SARS-CoV-2....
Retrouvez cet Article sur Futura-sciences.com : Nutrition et pandémie : les fausses infos qui circulent sur le web
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