A partir du 15 octobre, la chaîne cryptée proposera le catalogue de la plate-forme américaine dans son pack Ciné Séries pour un total annoncé de 35 euros par mois.
Ennemis hier, ils sont devenus des alliés objectifs. Canal+ et Netflix ont annoncé, lundi 16 septembre, un partenariat de distribution inédit. A partir du 15 octobre, les clients de Canal+ pourront, par le biais d’un abonnement complémentaire, accéder au catalogue de Netflix.
La navigation se veut fluide et transparente : dans MyCanal ou à travers la box Canal+, le client de cette nouvelle offre se verra proposer dans la même interface les contenus de Canal+, comme Le Bureau des légendes, et ceux de Netflix, de Mindhunter à La Casa de Papel en passant par Stranger Things.
« La première raison de ce partenariat, c’est le consommateur. Ce dernier veut les meilleurs contenus d’où qu’ils viennent », a commenté Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+. « Nous sommes heureux de travailler ensemble après avoir travaillé l’un autour de l’autre », s’est félicité dans la foulée Reed Hastings, le patron de Netflix, qui avait fait le déplacement à Paris pour l’occasion.
Une offre « compétitive »
L’offre se veut « compétitive » pour le consommateur. Comprendre à prix cassés. Le client Canal+ devra opter pour le pack Ciné Séries, qui comprend à ce jour des chaînes cinéma de Canal+, le bouquet OCS d’Orange et Disney Cinema, soit vingt et une chaînes en tout. Dans cette offre, viendra s’ajouter Netflix. Le prix du pack passera de 20 euros à 30 euros par mois. Mais il sera commercialisé jusqu’à Nöel aux alentours de 15 euros.
Au bout du compte, le client Canal+ devra débourser 35 euros par mois tant que l’offre sera en promotion, et 50 euros ensuite. « Si le consommateur prend tout séparément, cela lui coûte 70 euros », argumente M. Saada.
Combien de nouveaux clients les deux partenaires comptent-ils gagner ? Silence radio sur les détails financiers du partenariat
Canal+ verse-t-il un minimum garanti à Netflix ? Combien chacun touche-t-il sur les nouveaux abonnements ? Combien de nouveaux clients les deux entreprises comptent-elles gagner ? Silence radio sur les détails financiers du partenariat. Tout juste sait-on que Canal+ estime à un million le nombre de ses abonnés ayant déjà souscrit à Netflix.
Pour la filiale de Vivendi, ces derniers ont tout intérêt à opter pour la nouvelle offre, afin d’avoir plus de contenus au même prix. Par ailleurs, deux millions de clients ont déjà souscrit au pack Ciné Séries ; ils devront donc contracter un nouvel abonnement pour accéder à Netflix en plus.
Mariage de raison
Avec ces tarifs au rabais – à lui seul, Netflix coûte entre 8 euros et 12 euros par mois –, l’américain et le français sont prêts à se priver chacun d’une part importante de chiffre d’affaires. « L’accord sera gagnant, grâce aux volumes. C’est ce que nous avons fait avec Sky au Royaume-Uni il y a dix mois, et avec Comcast aux Etats-Unis », affirme Reed Hastings. Et si la production ne fait pas directement partie de l’accord, le rabibochage des deux groupes devrait favoriser à l’avenir les coproductions.
Ce mariage de raison s’explique par la concurrence qui s’intensifie dans le monde de la vidéo. Alors qu’Amazon Prime Video vient d’annoncer un accord de distribution avec Altice aux Etats-Unis et coûte en France seulement 49 euros par an, Apple lancera son service Apple + TV en novembre au prix de 4,99 euros par mois. Disney +, qui verra le jour aux Etats-Unis le même mois, pourrait être disponible en France en 2020. Canal+ ferraille aussi dur dans les compétitions sportives contre BeIN Sports et RMC Sport. Là aussi, il s’est résolu à conclure des accords de distribution.
En France, Netflix continue de croître à toute allure : de cinq millions de clients en février, la plate-forme de vidéos dépasse désormais les six millions d’abonnés. Chacun paie en moyenne 10 euros par mois et le groupe réalise un revenu annuel autour de 500 millions d’euros, selon nos estimations. Mais au niveau mondial, la croissance du service de vidéo à la demande s’essouffle.
Perte d’abonnés et suppressions de postes chez Canal+
Au deuxième trimestre, Netflix, qui compte 151 millions d’aficionados dans le monde, a déçu les investisseurs : alors qu’il avait promis de gagner cinq millions de nouveaux clients, il n’a réussi à en attirer que 2,7 millions. Aux Etats-Unis, il en a même perdu 126 000.
C’est dans ce contexte qu’il a franchi le cap d’un partenariat aussi fort avec Canal+ : « Nous étions jusqu’ici très hésitants à intégrer nos contenus [à d’autres plates-formes]. Quand vous êtes petits, on peut vous oublier. Mais quand vous grandissez, vous gagnez en confiance dans votre marque », s’est justifié le PDG.
De son côté, Canal+ peine aussi. Au deuxième trimestre 228 000 abonnés ont quitté ses chaînes premium, tombant à 4,6 millions de clients. Ces dernières perdent d’ailleurs toujours de l’argent. Il a aussi annoncé en juillet un plan de réduction d’effectifs portant sur 18 % de ses salariés, soit 500 suppressions de postes. Le groupe dépense chaque année 3,2 milliards d’euros dans les contenus (fictions et sports), dont 1,3 milliard en France. Des sommes importantes, mais qui restent faibles par rapport aux 10 milliards de dollars (9 milliards d’euros) de Netflix.
Au point que certains se demandent si la filiale de Vivendi a toujours intérêt à conserver Canal+ Premium, ou si elle ne ferait pas mieux de se concentrer sur le métier de distributeur. « C’est d’abord pour nos chaînes que les gens s’abonnent », a défendu Maxime Saada.
Source : Netflix va être distribué par Canal+
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