Jujucato (Mexique) (AFP) - Liliana Carmona regrette la forêt de pins de son enfance: dans ce coin du Mexique aujourd'hui saisi par la "fièvre verte", les arbres sont remplacés par des avocatiers pour répondre à une demande internationale en constante augmentation.
Cette mère de famille de 36 ans vit près d'Uruapan, considérée comme la capitale de l'avocat. Les montagnes environnantes sont envahies par les plantations, qui strient le paysage.
La déforestation a engendré une augmentation de la température, mais ce qui la préoccupe le plus, dit-elle, ce sont les possibles conséquences des produits agrochimiques sur la santé.
"Quand ils sulfatent, nous ne cessons d'éternuer", déplore Mme Carmona.
Le panorama est alarmant. Environ 137.000 hectares de l'Etat du Michoacan (ouest) sont consacrés à l'avocat, selon les chiffres officiels. La moitié des avocatiers ont été plantés dans la forêt, par le biais d'artifices légaux permettant de racheter ces terres, explique Jaime Navia, responsable de l'ONG environnementale GIRA.
La manne financière générée par l'avocat attire jusqu'aux cartels de la drogue. Selon une source des autorités locales contactée par l'AFP, des membres des cartels font partie de ces cultivateurs qui envahissent les terrains et déforestent pour cultiver "l'or vert".
- Exportations multipliées par 30 -
La culture de l'avocat a connu son premier "boom" au cours des années 1970, mais le développement de la culture sauvage dans les forêts remonte aux années 2000, relève Jaime Navia.
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