Pour le docteur Jean-David Zeitoun, encourager la recherche en nutrition est fondamental pour la médecine et la santé publique.
Tribune. L’épidémiologie nutritionnelle étudie les effets de l’alimentation sur la santé des populations. Discipline assez jeune, elle a apporté une brique importante à la recherche en nutrition, qui se limitait auparavant à des études de biochimie, des modèles animaux ou des études cliniques courtes dont l’indicateur était juste un facteur de risque mais pas une maladie.
L’épidémiologie nutritionnelle a permis des progrès majeurs. Elle a, par exemple, démontré les liens entre les acides gras trans et les maladies cardiaques, ou encore les effets toxiques d’une consommation excessive de certains sucres. Ces connaissances solides ont motivé des politiques de santé qui ont réduit la mortalité cardiovasculaire là où elles ont été appliquées.
Mais en parallèle de ces avancées, l’épidémiologie nutritionnelle a aussi produit un nombre pratiquement incalculable de publications cherchant une relation entre un ingrédient isolé et un indicateur clinique ou biologique. La grande majorité de ces « études » exhibent des résultats dont la fiabilité est proche de zéro, alors même que leurs conclusions sont considérées comme positives par leurs auteurs. Ces interprétations sont fausses et trompeuses, même si elles sont relayées par les médias car le sujet intéresse, à raison, le grand public. Elles font croire aux gens qu’ils peuvent avoir un impact sur leur santé avec des mesures futiles qui, par ailleurs, impliquent des contraintes et des dépenses personnelles.
Il faut reconnaître la qualité de cette étude française
C’est dans ce contexte contrasté qu’a été publiée une étude française tirée d’un vaste travail de recherche. La revue scientifique ayant accepté l’article est l’une des plus reconnues. Les auteurs ont analysé certaines données issues d’une cohorte appelée NutriNet, agrégeant 70 000 Français volontaires pendant un suivi de sept ans. Selon la part de bio incorporée au régime normal, la réduction du risque de cancer estimée pouvait atteindre 25 %, et plus encore pour le cancer du sein (34 %) ou les lymphomes (76 %), en particulier les lymphomes non hodgkiniens (85 %). Cette publication a déclenché quantité de réactions dans les médias conventionnels et les médias dits sociaux. Beaucoup de ces réactions furent négatives et même agressives. Les arguments étaient connus d’avance : corrélation n’est pas causalité, l’étude est biaisée, l’industrie du bio survend ses vertus, l’alimentation doit rester un plaisir.
Ces commentaires critiques en appellent au moins trois autres. Premièrement, il faut reconnaître la qualité de cette étude française, nettement supérieure non pas à la moyenne des études en nutrition, mais à la majorité d’entre elles. Les limites de l’étude NutriNet, reconnues par les auteurs, peuvent amener à relativiser ses résultats mais pas à les annuler. Formulés autrement, ces résultats ne sont pas définitifs, mais ils ont moins de chances d’être faux ou exagérés que ceux de la plupart des études en nutrition.
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