Aux Etats-Unis comme en France, une part conséquente de la population de moins de 35 ans sans emploi et sans qualification se porte très bien malgré le fait d'être au chômage... et pour cause : l'univers vidéo-ludique se substitue à la valeur travail dans le cadre de la socialisation.
Atlantico : Aux Etats-Unis une partie de la population âgée de moins de 35 ans, sans emploi et sans diplôme, trouve son refuge dans les jeux-vidéos et de façon plus générale dans l'industrie de l'entertainment. Selon un article publié par The Atlantic, ces jeunes ne seraient d'ailleurs pas plus malheureux que le reste de la population, bien au contraire. Un tel phénomène existe-t-il également en France ? Comment l'expliquer et que traduit-il concrètement ?
Michaël Dandrieux : La première chose à relever, à mon sens, c'est le paradoxe apparemment irrationnel (et presque contre-intuitif) que constitue l'étonnement des enquêteurs de ne pas retrouver des causes de malheur chez une population privée de haut diplômes et de travail. Il y a là étonnement presque scientifique qui soulève la question de la vie sociale, du malheur, de la précarité intellectuelle, quand on n'a pas accès à la valeur "ultime", la plus haute de la socialité : l'insertion d'un individu dans un cadre socio-professionnel qui lui permettra de contribuer à la valeur de la société. Il est intéressant de constater que cette interrogation produit, du côté de l'enquêteur, une surprise. C'est pourtant un phénomène assez connu. Quand on observe avec un œil extérieur les phénomènes de précarité qui se produisent dans les populations sans emploi, on constate effectivement des problèmes d'ordre économique, des difficultés d'accès aux biens et aux services, des problèmes de culture, etc. Lorsque l'on interroge ces acteurs et qu'on leur demande s'ils sont dans une situation de malheur, il est possible qu'ils répondent par la positive. Parce que c'est la (...)
Mais à quoi s'occupent les jeunes hommes au chômage (et pourquoi ça nous concerne tous) ?
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