Faut-il supprimer les « allocs » à ceux qui ont les plus hauts revenus ? A l’heure où cette question est agitée, notre chroniqueur, Jean-Michel Bezat, interroge sa pertinence.
Chronique. Chères « allocs » pour tous ! Vestiges de l’esprit égalitaire des pères fondateurs de la Sécurité sociale, elles risquent de ne pas survivre au quinquennat d’Emmanuel Macron. Bis repetita. Il y a vingt ans, Lionel Jospin, à peine nommé à Matignon, avait décidé de soumettre les allocations familiales à des conditions de ressources. En clair, d’en priver les foyers aisés. Ce fut une jolie bronca, orchestrée par des associations et une droite défendant le principe de leur « universalité », reprise en chœur par les syndicats et une partie de la gauche invoquant le sacro-saint principe d’« égalité ».Quelques mois plus tard, le premier ministre avait dû faire machine arrière.
Le débat ressurgit aujourd’hui avec la proposition d’un député de La République en marche, Olivier Véran, qui suggère de retirer les allocations familiales aux foyers ayant un revenu mensuel supérieur à 6 000 euros. Le gouvernement affirme que le sujet n’est « pas à l’ordre du jour »… et en même temps « pas tabou ». La mort des « allocs » pour tous ne sera pas décrétée dans le prochain budget de la Sécurité sociale et une mission parlementaire sera chargée de remettre la politique familiale à plat. « On va se poser cette question, mais après un vrai bon débat », a prudemment annoncé le chef du gouvernement, Edouard Philippe, mercredi 11 octobre. Figure de droite ralliée à Macron, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, n’est « pas fermé à cette idée parce que quand on a un niveau de revenu élevé, on n’a pas forcément besoin des allocations familiales ».
Risque politique limitéAgiter l’idée n’est peut-être pas sans arrière-pensée, à la veille de l’examen au Parlement d’un projet de loi de finances 2018 favorable aux plus riches avec la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune mobilière et la création d’une « flat tax » de 30 % sur les revenus des capitaux. Le risque politique...
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