Les Irlandais se prononcent, vendredi, par référendum, sur la libéralisation de l'avortement, 35 ans après l'adoption d'un amendement constitutionnel l'interdisant. La société reste divisée, mais le oui est en tête des sondages.
C’est un jour de vote historique pour l'Irlande. Près de 3,5 millions d’Irlandais ont commencé à se rendre aux urnes vendredi 24 Mai pour dire par référendum s'ils souhaitent maintenir ou abroger une disposition constitutionnelle interdisant le droit à l'avortement. Le scrutin porte sur le 8e amendement de la Constitution, adopté en 1983, qui interdit la promulgation de toute législation sur le sujet et protège le "droit à la vie de l’enfant à naître" au même titre que celui de la mère.
Le droit irlandais reste très strict sur la question. Il a été légèrement assoupli en 2013, rendant possible l’interruption de grossesse dans le seul cas où la vie de la mère est en danger. Mais le viol, l'inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d'avorter. Aujourd’hui, la législation reste parmi les plus restrictives d'Europe, avec l'Irlande du Nord et Malte notamment.
La grande majorité des partis politiques a appelé à voter pour le oui, notamment le Premier ministre Leo Varadkar, qui a qualifié cette consultation « d’occasion unique pour toute une génération ». Il a rappelé que « depuis l'introduction du 8e amendement dans la constitution, 170.000 femmes sont allées à l'étranger pour avorter". Les partisans du droit à l’IVG estiment qu’environ 3.000 Irlandaises se rendent en Grande-Bretagne pour interrompre leur grossesse, d'autres se procurant des "pilules du lendemain" sur internet.
Le "oui" en tête dans les sondages
Au terme d’une campagne passionnée en Irlande, les sondages donnent le « oui » en tête, le dernier sondage en date de l'institut Red C estimant les partisans du droit à l'avortement à 56% des intentions de vote contre 27% qui se disent hostiles à une modification de la Constitution et 14% qui se déclarent indécis. Le vote suscite un fort intérêt, puisque les autorités ont enregistré un nombre important de nouveaux inscrits sur les listes électorales, avec plus de 118.000 demandes d'ajout cette année.
L’Eglise catholique, qui avait joué un rôle clé en 1983 dans les débats, semble en perte de vitesse. Certains des 25 évêques du pays se sont certes engagés dans la campagne ces dernières semaines, estimant que ce qui était en jeu dans le révérend était c'est un grand combat entre la lumière et l'obscurité, entre la vie et la mort". Mais l’influence de la religion dans la société est moins forte, avec 76% des Irlandais se déclarant catholiques en 2016 (contre 92% en 1991). . L'institution religieuse paie aussi le prix des affaires de pédophilie impliquant des prêtres, parfois couvertes par des responsables ecclésiastiques. Cette fois, ce sont les femmes qui se sont impliqués largement dans les débats, fortes de leurs expériences personnelles de l’IVG.
L’Irlande est en plein bouleversement sociétal : la consultation intervient trois ans après la légalisation, par référendum également, du mariage homosexuel en Irlande. Le pays avait alors le premier au monde à avoir légalisé ce droit au suffrage universel direct.
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