Un an après la crise des « gilets jaunes », qui avait plombé l’activité en fin d’année 2018, les entreprises craignent que ce nouveau mouvement social n’interrompe la reprise économique de ces dernières semaines.
Au cinquième jour de grève à la RATP et à la SNCF contre le système universel de retraite voulu par le gouvernement, lundi 9 décembre, les chefs d’entreprise faisaient déjà leurs comptes, tout comme le ministère de l’économie et des finances. Et le bilan du conflit pèse d’ores et déjà lourd.
Dès jeudi 5 et vendredi 6 décembre, les distributeurs ont vu la fréquentation de leurs magasins chuter de « 30 % environ », assure Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, fédération du secteur, en précisant que les centres-villes des grandes agglomérations françaises ont été les plus touchés.
A Paris, au premier jour du mouvement, les incidents aux abords du Westfield Forum des Halles ont obligé URW, gestionnaire du centre commercial parisien, à en tirer le rideau en fin de journée. Puis la fermeture de nombreuses lignes de métro et la saturation des RER ont privé les commerçants et les restaurateurs du flux de clientèle habituel lors du week-end du 7 et 8 décembre, période de coup d’envoi des ventes de cadeaux de Noël.
L’enseigne de mode Faguo a vu son activité chuter de 5 %, notamment en région parisienne où elle exploite neuf de ses vingt-cinq boutiques. En dépit d’un bond de fréquentation dans certains quartiers – le nombre de visiteurs du centre Beaugrenelle a crû de 30 % samedi 7 décembre – les grandes enseignes parisiennes ont été à la peine. Le Printemps et les Galeries Lafayette du boulevard Haussmann et le BHV, rue de Rivoli, ont été désertés.
Plusieurs grandes agglomérations dont Toulouse, Nantes et Grenoble ont connu aussi « des situations compliquées », signale l’Alliance du commerce. Dans les boutiques situées dans les grandes villes, Joué Club dit avoir perdu jusqu’à « 20 % de chiffre d’affaires » au cours de ce week-end. Résultat : la semaine s’est achevée sur des ventes « en repli de 7 % », déplore un porte-parole de l’enseigne de jouets.
Les hôteliers se plaignent également de l’impact de ces grèves sur la fréquentation lors de la Fête des lumières de Lyon, qui se déroulait les 7 et 8 décembre, et des marchés de Noël alsaciens. Les établissements n’ont pas affiché complet, assure l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH).
Le taux de réservation est inférieur de « 10 % à 15 % » aux standards habituels dans la région lyonnaise, affirme Laurent Duc, hôtelier à Villeurbanne (Rhône) et co-président de l’UMIH. Certains établissements déplorent même des chutes de 30 % par rapport à un mois de décembre habituel, d’après ce dernier. A Strasbourg, les réceptionnistes enregistrent des annulations en série, car les touristes sont dans l’incapacité de se rendre dans la ville.
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