Grâce au Net, l’achat de vêtements d’occasion est devenu très simple. Le marché bouscule toutes les enseignes.
Courir après les promotions pour s’habiller ? Quelle idée has been ! Alors que les soldes d’été ont démarré le mercredi 26 juin, les commerçants se désespèrent des nouveaux comportements des Français, de plus en plus nombreux à se tourner vers l’achat d’occasion.
Des mois après l’avoir acheté, Alizée Vincent se souvient précisément du prix de ce pantalon noir « 100 % laine acheté sur Vinted », l’application coqueluche des adeptes de la fripe sur smartphone. « Huit euros. C’est un APC », fait valoir cette Parisienne de 25 ans.
Alice Chicoisne s’est aussi convertie à l’achat de seconde main. La lycéenne de 17 ans fouille régulièrement dans les rayons de Guerrisol, chaîne de magasins de vêtements d’occasion situés à Paris, où elle croise « des mères qui achètent pour leurs enfants ». Les prix y « sont rarement à plus de 5 euros », rapporte celle qui revend aussi ses vêtements sur Vinted pour « [se] faire un peu de sous ».
En 2009, 47 % des Français disaient acheter des produits d’occasion, vêtements, voitures ou poussettes… « Dix ans plus tard, ils sont 60 % », observe Rémy Oudghiri, directeur général adjoint de Sociovision, filiale d’études sur la consommation du groupe IFOP.
« Arbitrages budgétaires »
L’habillement n’échappe pas au phénomène, assure Thomas Delattre, responsable d’études au sein de l’Institut français de la mode (IFM). En dix ans, la proportion d’acheteurs de vêtements de seconde main a doublé pour s’établir à 31 % des Français en 2018, selon l’IFM. Les ventes d’habits déjà portés pèseraient plus de « 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires » par an. Etleur rythme de croissance serait « supérieur à 10 % », d’après Antoine Jouteau, directeur général du Boncoin, site de petites annonces.
Cette tendance contribue à saper le business de Zara, Kiabi et autres ténors de la fast fashion. Depuis 2007, le marché français de la mode a chuté de 14 %.
Pourquoi les Français fréquentent-ils les friperies, fouillent les vide-greniers ou scrollent les applis du Boncoin et de Vinted pour renouveler leur garde-robe ? C’est « par nécessité », tranche M. Oudghiri. La grande majorité des Français qui achètent des vêtements de seconde main ne le font ni par choix ni par engagement en faveur d’une économie circulaire censée réduire l’empreinte environnementale de la consommation, juge ce sociologue.
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