Jean-Luc Mélenchon face à l’aile gauche du PS : « Mes amis, vous me manquiez »

Politique

Le leader de La France insoumise est intervenu dimanche, à l’université de rentrée de Nos causes communes, le club de l’aile gauche du PS et du MRC, réunie à Marseille.

Même le républicain le plus convaincu peut, parfois, se laisser aller à des accents christiques. C’est le cas de Jean-Luc Mélenchon qui est intervenu, dimanche 9 septembre, à l’université de Nos causes communes, le club lancé par l’aile gauche du Parti socialiste (PS) et le Mouvement républicain et citoyen (MRC).

S’adressant aux militants PS qui devraient, d’ici quelques semaines, rejoindre son mouvement La France insoumise (LFI), il a lancé : « Je ne suis pas venu ni vous courtiser, ni vous admonester, ni vous reprocher vos nombreuses erreurs, car vous pourriez me faireremarquer que j’en ai partagé beaucoup. J’ai le cœur plein d’enthousiasme si vos chemins viennent en jonction avec les nôtres. Que finisse cette longue solitude pour moi d’avoir été séparé de ma famille. » 

Et d’ajouter : « Mes amis, vous me manquiez. » Un peu comme dans l’Evangile selon saint Matthieu quand Jésus déclare : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. »

« Il n’y aura pas d’arrangements ratatouille »

Car c’est bien de ça qu’il s’agit : réunir la dernière partie de la famille de la gauche du PS qui n’a pas suivi M. Mélenchon lorsqu’il quitta la « vieille maison » en 2008. Un péché que le leader des « insoumis » est prêt à pardonner. Mais à plusieurs conditions, notamment celle d’une « rupture » avec le PS mais aussi et surtout avec son logiciel de pensée social-démocrate. « Il n’y aura pas d’arrangements ratatouille, [ni de rassemblement] des débris de la vieille gauche », mais une convergence sur le fond des propositions de La France insoumise : la Révolution citoyenne, l’écosocialisme, la stratégie du « plan A/plan B » vis-à-vis de l’Union européenne, soit l’application du programme de LFI, même s’il en coûte de sortir des traités européens.

Il leur propose « le partage d’un effort à accomplir en commun. Ce n’est pas un asile politique mais je vous invite à prendre vaillamment votre place dans un combat à mener. C’est chacun pour soi ou tous ensemble ! »

Depuis plusieurs mois, Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann (qui a longtemps animé la Gauche socialiste avec M. Mélenchon et Julien Dray dans les années 1990) ont entamé un pas-de-deux avec La France insoumise. Les leaders de l’aile gauche (18,80 % des voix au congrès d’avril) ne cachent plus leur proximité politique avec les « insoumis » ni l’éloignement devenu presque irréversible avec leur parti d’origine. Et même si M. Maurel s’en défend et jure que les choses sont « encore ouvertes au PS », chacun sait qu’à moins d’une énorme surprise, le destin de ces militants devrait s’écrire avec Jean-Luc Mélenchon.

« Socialisme décomplexé »

« Jean-Luc nous a dit qu’il n’était pas là pour du verbe séduire">séduire, il a tenu parole !, a plaisanté M. Maurel lors de son intervention. On parle d’idée, de convictions, pas de roucoulades. » M. Maurel a d’ailleurs parlé de « blessures », de « faute impardonnable », de « colère », quand il a évoqué l’action du quinquennat de François Hollande. « Je suis pour un socialisme décomplexé, qui assume ses mots, son vocabulaire », a continué le député européen, qui appelle à l’émergence d’un « nouveau front populaire » et d’un candidat unique de la gauche en 2022. « Il faut des âmes fortes, des caractères vigoureux pour ouvrir les chemins », a-t-il encore ajouté à l’attention de M. Mélenchon, mais sans le nommer.

Avant de rejoindre La France insoumise, M. Maurel et Mme Lienemann veulent d’abord créer les conditions de leur départ : mettre Olivier Faure « au pied du mur » en lui présentant un texte pour réorienter la ligne socialiste et sa stratégie d’alliance. Il y a peu de chance que cette démarche aboutisse. Il leur faudra alors créer un parti. « Si on quitte le PS, on crée un parti en alliance avec LFI », résume Mme Lienemann. Puis, viendra le temps de rejoindre la liste LFI pour les élections européennes de mai 2019.

Accueil enthousiaste

Face à un aréopage qui se revendique de « la gauche républicaine », M. Mélenchon ? accompagné notamment du député européen Younous Omarjee et de Manuel Bompard, dirigeant de LFI ? était, en tout cas, dans son élément. L’accueil qui lui a été réservé était d’ailleurs enthousiaste. Il n’a pas privé de revenir à plusieurs reprises sur l’héritage des combats de la Révolution française, de la Commune de Paris, de Jean Jaurès et du « non » de gauche au référendum constitutionnel européen de 2005.

Pas question non plus pour Jean-Luc Mélenchon, de faire croire aux aspirants insoumis qu’il y aura la possibilité de la moindre contestation interne : « La crise du leadership populaire est réglée : me voici ! », a martelé, dans un sourire, le député des Bouches-du-Rhône.

Dans un dernier rappel, M. Mélenchon avertit les troupes d’Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann : « Je vois que vous vous rapprochez de moi aux insultes que vous recevez. Préparez-vous à un bashing permanent. » Il faut être prêt à avoir desstigmates politiques.


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