Pour réduire l’usage de la voiture dans les grandes villes, l’expert Jean Coldefy suggère dans une tribune au « Monde » plutôt l’instauration de péages urbains modulés selon le revenu.
Tribune. Alors que chaque année nous battons des records de température, les transports représentent toujours un tiers des émissions de CO2. La voiture assure 80 % des kilomètres parcourus et l’Ile-de-France garde le record d’Europe de bouchons avec 400 km recensés quotidiennement. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les réflexions sur la gratuité des transports publics, au sein de la région capitale comme ailleurs. Rendre les transports en commun plus attrayants et diminuer le trafic routier, telle serait la finalité d’une telle mesure. Mais la gratuité des transports en commun n’est-elle pas un leurre ?
Aujourd’hui, le coût d’usage de la voiture est deux fois plus élevé pour l’usager que celui des transports en commun. Il est nécessaire de s’interroger sur l’impact réel d’une telle politique sur le trafic routier. On peut noter que cette mesure est l’apanage de petites villes et, à de rares exceptions près, de villes moyennes. Or, sur ces territoires, ce sont les entreprises qui l’ont financée : les Mutuelles à Niort, ArcelorMittal à Dunkerque.
Les grandes villes qui ont expérimenté la gratuité (Portland, Austin, Denver) sont, elles, toutes revenues en arrière pour des raisons de financement des réseaux – indispensables en raison de la croissance urbaine –, de baisse de la qualité de service et d’augmentation d’usages non pertinents des transports publics sur de courtes distances jusqu’alors réalisées à pied ou à vélo.
Péage urbain
Les Français seraient-ils vraiment accros à la voiture ? La réalité est tout autre. Mais les alternatives à l’usage de la voiture sont d’autant plus faibles que l’on s’éloigne du centre des agglomérations, qui concentrent les emplois et les services de mobilité. Les prix des logements dans les centres urbains ont aussi fortement augmenté depuis vingt ans, ce qui a contraint de nombreuses catégories sociales à s’éloigner des cœurs de ville avec un allongement très important des distances...
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