À 47 ans, Rahul Gandhi prend, ce samedi 16 décembre, les rênes du Congrès, le sacro-saint parti de centre gauche fondé en 1885 et dont l'histoire a façonné celle de l'Inde moderne. En dauphin promu, il succède à Sonia Gandhi, sa mère d'origine italienne. L'arrière-petit-fils de Jawaharlal Nehru incarne la dernière génération de la dynastie politique la plus influente du sous-continent, à l'heure où celle-ci essuie une perte de popularité électorale sans précédent. Mais pour Rahul Gandhi, l'histoire était déjà écrite.
Sa famille, perçue comme des « Kennedy » indiens, lui a offert un avenir hors du commun, mais aussi de terribles tragédies. Rahul a 14 ans quand sa grand-mère Indira Gandhi est assassinée par ses deux gardes du corps. Et il a 21 ans quand son père, l'ex-Premier ministre Rajiv Gandhi, périt dans un attentat kamikaze. Sa mère tente alors d'éloigner Rahul et sa sœur cadette Priyanka des cercles funestes de New Delhi. Sous un faux nom, le jeune homme part étudier à Harvard et à Cambridge, puis il travaille à Londres comme consultant et ne revient au pays qu'en 2002 pour monter une start-up à Mumbai.
Les Gandhi et le Congrès ont absolument besoin l'un de l'autre.
En 2004, il se lance dans l'arène politique. Il décroche la circonscription d'Amethi, un bastion familial acquis de l'Uttar Pradesh. Dans ses rangs, on applaudit et on veut croire au renouveau du jeune sang. Le politicien en herbe bénéficie de « l'effet Gandhi » qui électrise les Indiens. Dans les campagnes, et aujourd'hui encore, il est très respecté et attire les foules. Pour une Inde traditionnelle, endosser un legs familial est perçu comme un gage de crédibilité et de responsabilité familiale.
Rahul Gandhi n'a pas dérogé à la règle, répétant à n'en plus finir qu'il se « sacrifiai[t] » et qu'il faisait son « devoir ». Et à chaque fois qu'un Gandhi se lance en politique, tout se passe comme s'il était le « sauveur » du Congrès. Ce à quoi ses partisans répondent par une gratitude condescendante. L'hérédité politique entretient l'idée que les Nehru-Gandhi ont le monopole du Congrès, mais aussi de son idéologie, issue du socialisme et de valeurs multiconfessionnelles. « Les Gandhi et le Congrès ont absolument besoin l'un de l'autre, estime Gilles Verniers, professeur de sciences politiques à l'université d'Ashoka. Le Congrès, dont l'organisation est très centralisée, est impuissant sans un Gandhi à sa tête. »
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