"Les rochers éclataient à cause de l'acidité du produit. Le soir, je rentrais avec les yeux rouges", a raconté un ancien chauffeur de camion, sous-traitant d'ArcelorMittal Florange, à France Bleu Lorraine lundi. L'ancien intérimaire d’une filiale de Suez-Environnement, licencié depuis, accuse l'entreprise de lui avoir fait déverser de l'acide usagé en pleine nature au lieu de le recycler.
"Les rochers craquaient". L'ancien salarié qui témoigne anonymement affirme qu'il a déversé 24m3 d'acide tous les jours pendant ses trois mois de contrat. "Je transportais l'acide usagé. J'arrivais à Florange et là je me retrouvais dans un crassier à brancher mes tuyaux et déverser mon chargement en pleine nature, directement au sol". L'homme indique que les rochers craquaient sous l'acidité du produit. Et pour accéder à ce "crassier", les salariés d'Arcelor lui donnaient des bons de livraison. "Les bons n'indiquaient pas que c'était de l'acide, seulement que c'était de la boue de fer ou de la boue d'épuration", a-t-il confié à la radio.
Jeté plutôt que recyclé. Ces déchets doivent normalement être recyclés par une entreprise spécialisée, comme celle de Malancourt-la-Montagne (Meuse), à une heure et demie de route du site de Florange. Mais l'opération est bien plus coûteuse. Après plusieurs mois, le chauffeur décide de raconter ces méthodes à un pompier du site. L'entreprise l'apprend rapidement et le licencie pour "rupture de discrétion commerciale".
Un scandale sanitaire ? Selon le maire de Florange, Rémy Dick interrogé par Paris Match fin juin, "c’est un scandale sanitaire sans précédent dans notre département. Si les faits sont avérés, les personnes fautives seront traduites devant la justice."
Pour couper court à la polémique, la direction d'ArcelorMittal a ouvert une enquête interne et tenu un CE extraordinaire lundi à Florange. "La direction d’ArcelorMittal n’est en aucun cas à l’origine de prétendus déversements irréguliers sur la zone de stockage. Si ces faits étaient avérés, ils seraient le fait de personnes isolées au sein d’ArcelorMittal ou des entreprises sous-traitantes", indique mardi l’entreprise dans un communiqué. "Aucun risque sanitaire ni environnemental pour les populations n’est à signaler", précise le communiqué.
Une grande prudence. La CGT, qui avait demandé la tenue d’un comité d’entreprise extraordinaire après avoir elle-même découvert les informations dans la presse, reste "mesurée" dans l’immédiat. "Soit ces propos sont diffamatoires et on demande de nous le démontrer, soit ils sont cohérents et alors on est dans le cadre d’un scandale environnemental sans précédent", a déclaré son secrétaire, Lionel Burriello. De son côté, la Direction régionale de l'Environnement (Dreal) a ouvert une enquête tandis que la CGT d'ArceloMittal réclame une expertise indépendance dans le cadre du CHSCT de l'entreprise, rapporte encore France Bleu..
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