Les Iraniens ont voté massivement, vendredi 19 mai, pour reconduire le modéré Hassan Rohani à la présidence pendant quatre ans. M. Rohani a obtenu la majorité absolue avec une confortable avance : 57 % des voix, selon les résultats officiels communiqués en fin de matinée. La participation a été forte, dépassant 70 %.
Avant même l’annonce des chiffres officiels, dans la matinée de samedi, la télévision d’Etat Irib avait « félicité » dans un bandeau défilant en bas d’écran le président pour sa réélection. Les chaînes sur la messagerie cryptée Telegram de son rival conservateur, Ebrahim Raisi, étaient restées silencieuses depuis la fermeture des bureaux de vote, à minuit.
Cette victoire consacre la politique d’ouverture à l’étranger de M. Rohani et son libéralisme mesuré à l’intérieur du pays. Ce résultat affaiblit encore les ultraconservateurs face à ce président modéré, qui a su rallier une partie de l’appareil politique iranien derrière lui, toutes tendances confondues, et qui ne s’est jamais coupé de l’électorat socialement conservateur du pays. En menant une campagne populiste et multipliant les promesses d’aides aux plus pauvres, les ultras avaient tenté de raviver la fibre révolutionnaire de l’Iran, qui s’amenuise, trente-huit ans après la révolution de 1979.
M. Raisi, principal adversaire de M. Rohani après le retrait ou l’effacement de quatre autres candidats, a échoué à mobiliser une part des petites villes de province, des campagnes et des banlieues défavorisées : l’électorat de l’ex-président Mahmoud Ahmadinejad, au pouvoir de 2005 à 2013. Ce clerc de 59 ans incarnait pour ses partisans une nouvelle génération de dirigeants, après celle des fondateurs de la République islamique. Il était un possible successeur, à terme, du Guide suprême, Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et âgé de 77 ans. Une victoire samedi laisserait à M. Rohani la possibilité de peser sur cette succession.
Profondes divisions
Dans le sud déshérité de Téhéran, vendredi, les bureaux de vote, peu remplis, laissaient deviner un taux d’abstention supérieur à celui attendu parmi les classes moyennes des quartiers nord. « Les gens qui votent Raisi, ça n’est pas qu’ils l’aiment : c’est qu’il les nourrit et ça ne suffit pas à convaincre tout le monde », disait vendredi Vali Zareh, un lutteur professionnel, habitant désillusionné du sud, qui s’abstenait de voter.
Vendredi soir, après 20 heures, les leaders modérés et réformateurs se désolaient en chœur d’un taux de participation jugé trop faible, enjoignant leurs partisans à se mobiliser. A Seyyed Khandan, quartier central et mixte de Téhéran, où certaines files d’attente n’ont pourtant pas désempli de l’aube à minuit, Pegah, 35 ans, disait avoir« laissé passer sa colère ». Elle ne votait plus depuis 2009 et la répression qui s’était abattue sur les manifestants protestant contre la réélection de M. Ahmadinejad. Elle revenait aux urnes vendredi pour défendre M. Rohani.
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