KHIDR ILYAS (Irak) (AFP) - Devant l'autel détruit, le père Charbel Issou écarte les bras, paumes vers le ciel, et entame sa prière devant une pieuse assemblée de combattants irakiens, kalachnikov en bandoulière.
"Notre Père qui êtes aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne", chantent-ils. Sur le mur d'en face, un graffiti proclame en lettres noires: "Allahu Akbar (Dieu est grand)".
Il y a quelques jours, les troupes pro-gouvernementales ont repris le monastère syriaque catholique de Mar Behnam aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI), qui en avaient le contrôle depuis plus de deux ans.
Bas-reliefs brisés, statue de la Vierge Marie décapitée... A leur arrivée les islamistes radicaux ont chassé les moines et mis à sac l'édifice chrétien, construit au IVe siècle après J.-C. à 30 km de Mossoul (nord), où les troupes irakiennes ont engagé mi-octobre une vaste offensive contre l'EI.
"Je suis à la fois heureux et triste", soupire Charbel Issou, l'ancien responsable du monastère en redécouvrant pour le première fois les lieux qu'il avait dû abandonner. "Je suis content de revenir sur ce lieu saint où j'ai passé un an et demi. Mais en même temps, je suis attristé de le voir dans cet état, démoli. Ca me fait mal au coeur", confie-t-il.
Devant le monastère, l?un des lieux de culte les plus anciens et les plus vénérés du christianisme en Irak, un tas de gravats gît sur l'ancien emplacement des tombes de Mar Behnam - un saint syriaque qui a donné son nom au monastère - et de sa soeur Sarah.
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