Moscou (AFP) - En juin 2016, quelques jours avant que le monde ne découvre que des pirates informatiques russes avaient espionné pendant plus d'un an les ordinateurs du parti démocrate américain, la police russe mettait fin aux activités de Lurk.
Dans le monde "underground" des hackers russophones, constitué de forums spécialisés où chacun peut proposer ses compétences et de plates-formes d'échanges pour "malwares", des logiciels malveillants faits maison, Lurk était une légende. Les hackers moins chevronnés se bousculaient pour intégrer cette équipe.
Ce groupe de cybercriminels, actif depuis 2011, est accusé d'avoir volé trois milliards de roubles (42,5 millions d'euros) à des banques ou entreprises russes. Plus de 50 hackers, la plupart originaires de la région de Iékatérinbourg (Oural), ont été arrêtés au cours de 86 perquisitions menées dans 15 régions de Russie.
Mais ce coup de filet, bien qu'impressionnant, ne sera pas suffisant pour freiner la cybercriminalité russe. Plus de 1.000 hackers spécialisés dans la criminalité financière sont en activité, a estimé dans un rapport le géant de la sécurité informatique Kaspersky.
Selon Kaspersky, au moins 790 millions de dollars (710 millions d'euros) ont été dérobés par des hackers russophones sur la planète entre 2012 et 2015. Et il s'agit là d'une estimation basse, précise le géant de la cyber-sécurité, pour qui ce chiffre risque d'exploser dans les années à venir.
"Le nombre de "cybercriminels financiers" augmente avec le développement des banques en ligne", explique Iouri Namestnikov, à la tête du département russe de recherche et d'analyse de Kaspersky.
Autres cibles privilégiées par les hackers: les smartphones, moins bien protégés que les ordinateurs. Le monde de la sécurité informatique s'inquiète également de la montée en puissance du "ransomware", une technique consistant à voler des fichiers que le propriétaire ne peut récupérer qu'en échange d'une rançon.
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