De notre correspondante à New York
L’Amérique a vu ressurgir ses vieux démons. Ce jeudi peu avant midi, une voiture a foncé dans la foule en plein Times Square. Le scénario, qui rappelle le cauchemar que certaines grandes villes ont récemment vécu, à commencer par Nice, Berlin et plus récemment Londres, a aussitôt réveillé cette peur toujours à fleur de peau des New-Yorkais, provoquant une onde de choc à Manhattan.
L’annonce, environ une heure après, d’un possible incident de la circulation n’aura pas réussi à calmer les esprits dans l’un des quartiers les plus touristiques au monde. « Nous sommes effrayés par ce qui vient de se passer, lance le cou rouge d’inquiétude, Mary, arrivée de Suède avec sa fille adolescente pour lui faire découvrir New York. Nous irons jusqu’au bout de notre séjour mais nous étions prêtes à repartir. »
Une adolescente tuée, le suspect peut-être sous l’influence de stupéfiants
Le chef de la police, James O’Neill, a reconnu lors d’une conférence de presse « avoir pensé au pire ». Mais selon le maire de New York, Bill de Blasio, « il n’y a aucune indication à ce stade qu’il s’agisse d’un acte de terrorisme". Le bilan n’en est pas moins lourd : une touriste du Michigan de 18 ans tuée et vingt-deux personnes blessées par une Honda rouge roulant à contresens au croisement de la 7e Av et la 43e rue bondées ce début de journée très ensoleillée.
Le chauffeur, Richard Rojas, est un ancien militaire de 26 ans condamné à deux reprises par le passé pour conduite en état d’ivresse ou sous l’influence de drogue. Il a été interpellé après avoir tenté de s’enfuir. Les résultats des tests d’alcoolémie n’étaient pas connus, jeudi soir. Mais selon des sources policières du New York Times, le suspect était sans doute sous l’influence de stupéfiants. Il a affirmé aux officiers qu’il entendait des voix et espérait par son geste être abattu par la police. A Times Square, le drame a laissé des milliers de passants sous le choc.
« J’ai vu six personnes allongées sur le trottoir »
A cette heure du déjeuner, Ron en sueur tapote fébrilement son portable sous la chaleur écrasante. Ce cadre de trente-trois ans, spécialisé dans les datas, a tout vu. « Je retournais à mon building situé à trois blocs de là quand j’ai vu cinq ou six personnes allongées sur le trottoir, raconte-t-il encore sous le choc. C’était fou. J’ai voulu appeler la police mais pas dix secondes plus tard, une armée de secours était déjà sur le trottoir. »