Quant à la diffusion linéaire des cinq chaînes, le signal n’est pas coupé, mais TF1 « a demandé à ce que le distributeur cesse l’exploitation commerciale », selon un communiqué publié par le groupe. « Nous entendons utiliser tous les moyens juridiques à notre disposition pour fairerespecter nos droits », a précisé samedi le PDG de TF1, Gilles Pélisson, dans un message aux collaborateurs du groupe que Le Monde a pu consulter.
Inédite, cette décision s’inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie du groupe TF1, et de son concurrent M6, qui souhaitent que les opérateurs télécoms comme Numericable-SFR, qui distribuent ses chaînes par le biais de leurs box et applications, augmentent substantiellement les sommes versées pour la diffusion de ces chaînes.
« Numericable-SFR n’a aucun droit à distribuer nos chaînes sans notre accord, et nous n’avons aucune obligation de les lui fournir », estime ainsi M. Pélisson dans son message. Il rappelle que, par le passé, les chaînes du groupe ont été « exploitées en exclusivité sur la plate-forme satellitaire TPS » et que « ce n’est qu’à partir de 2006, dans le cadre de la fusion TPS/CanalSat, qu’elles ont été mises gratuitement à la disposition des opérateurs télécoms pour une durée limitée ». Dans le cas de SFR, l’échéance était fixée au 31 décembre 2016. Les parties avaient ensuite prolongé cette durée jusqu’au 28 juillet, date à laquelle le contrat a atteint son terme.
« Le monde a changé »
Sur le fond, l’argumentaire de TF1 est que « le monde a changé », selon son PDG : l’ADSL et la fibre se sont largement diffusés, les abonnements triple play ont suivi le mouvement, et les opérateurs comme SFR en tirent profit.
« Chaque année nous investissons près de 1 milliard d’euros au service des téléspectateurs et de l’écosystème audiovisuel », rappelle M. Pélisson, qui estime que « ces programmes (…) créent de la richesse pour Numericable-SFR, en étant générateur d’abonnements », et constate que « Numericable-SFR utilise désormais ces revenus pour nous concurrencer. Il investit des sommes considérables dans les contenus et les achats de droits, notamment sportifs. »
Enfin, TF1 reproche à Numericable-SFR la mise en place de services qui permettent de contourner les écrans publicitaires, et déplore que l’opérateur « oriente aussi ses abonnés vers son application “SFR TV” dont l’audience n’est pas mesurée par Médiamétrie. » Le groupe audiovisuel, qui cherche actuellement à consolider sa rentabilité, y voit un préjudice.
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