La dernière éruption du supervolcan Toba, il y a environ 73.000 ans, est accusée d'avoir provoqué un hiver volcanique dévastateur, qui aurait anéanti nos ancêtres. Or, en faisant parler des restes végétaux fossilisés dans les sédiments du lac Malawi, des chercheurs mettent à mal cette théorie catastrophiste.
Les impacts que la terrible éruption du supervolcan Toba a pu avoir à l'époque sur le climat et les espèces vivantes font encore débat. Pour apporter des éléments de réponse, des chercheurs de l'université d'Arizona ont étudié les sédiments du lac Malawi, dans l'est africain, en quête d'indices fossiles.
Les résultats de leur recherche, publiés dans le Journal of Human Evolution, indiquent que la végétation de basse altitude n'a pas vraiment été affectée par l'éruption. L'évènement n'aurait donc pas provoqué d'hiver volcanique et, par conséquent, les populations d'Afrique de l'Est, berceau de l'humanité, sont restées sauves.
La dernière éruption du supervolcan Toba, 73.000 ans plus tôt (à plus ou moins 4.000 ans près), à l'origine de la théorie de la catastrophe de Toba était, sans conteste, d'une violence inouïe. En témoigne l'étendue de la caldeira laissée par la catastrophe, aujourd'hui comblée par le lac Toba, le plus grand lac volcanique du monde, situé sur l'île de Sumatra, en Indonésie.
Selon cette théorie, l'éruption aurait provoqué un hiver volcanique d'au moins six ans et un refroidissement du climat mondial durant un millénaire, ce qui aurait décimé les êtres vivants de l'époque, dont les hommes modernes. De ce fait, la théorie fournirait une explication au manque de diversité génétique observé au sein de l'humanité aujourd'hui. Nous serions tous issus d'une population humaine très réduite — phénomène appelé goulot d'étranglement —, possiblement à cause d'une catastrophe comme celle de Toba (voir l'article au bas de celui-ci).
La théorie de la catastrophe de Toba invalidée
Or, en menant une recherche en paléoécologie, des chercheurs ont infirmé les hypothèses de la catastrophe de Toba. Ils ont étudié des microfossiles végétaux, appelés phytolites — ce qu'il reste des plantes après leur mort naturelle ou suite à des feux de forêt —, et des échantillons de charbon dans les sédiments du lac Malawi.
Les sédiments s'accumulent par couches successives et enregistrent chronologiquement les empreintes des évènements majeurs, comme les grosses éruptions, ou encore les chutes de météorite. Ainsi, la couche correspondante à la superéruption du Toba est connue, car elle contient des cristaux et du verre caractéristiques d'une éruption volcanique. Les échantillons récoltés par les chercheurs couvrent une période de 300 ans, soit 100 ans avant et 200 ans après l'éruption. Ils proviennent de deux points distants de 100 km : le centre du lac, au niveau des régions de basse altitude, et son extrémité nord, à proximité des montagnes.