Mme Thatcher a vendu les actions des entreprises privatisées à prix réduit pour que cette politique obtienne le soutien des classes moyennes rappelle, dans une tribune au « Monde », le professeur de finance Sofiane Aboura.
Tribune. Le programme de privatisation du gouvernement a relancé le débat sur le bien-fondé d’une telle politique. Pour les uns, c’est une question de principe, en vertu duquel vendre les actifs de l’Etat dessert l’intérêt général. Pour les autres, c’est une question philosophique, selon laquelle le rôle de l’Etat n’est pas de gérer des commerces.
Pour y voir plus clair dans ce débat contradictoire, deux interrogations importent : pourquoi et comment privatiser ? Si l’agenda néolibéral nous renseigne sur l’origine idéologique des privatisations, le thatchérisme nous enseigne la plus efficace des politiques de privatisation, celle dont le but ultime est de transformer l’Etat.
L’agenda néolibéral promeut un arrangement institutionnel qui cible une politique de croissance typiquement caractérisée par une inflation faible, une fiscalité modérée, un libre-échange fort, un programme de privatisation et de dérégulation. Dans la doctrine libérale, la privatisation se distingue de la dérégulation en ce que la privatisation fait rentrer le secteur public dans le secteur privé par la vente des actifs étatiques, alors que la dérégulation fait rentrer le secteur privé dans le secteur public par l’ouverture des actifs étatiques.
La privatisation est un marqueur idéologique qui revêt plusieurs motivations. Pour les libéraux, elle restreint l’influence de l’Etat sur la société, c’est-à-dire le contrôle social. Pour les néolibéraux, elle réduit l’influence du gouvernement sur l’économie, c’est-à-dire la politisation de l’économie. Pour les libertariens, elle réduit l’importance de la bureaucratie dans les organisations, c’est-à-dire la gestion inefficiente (copinage, etc.).
Un statut macropolitique
Apparu dans l’entre-deux-guerres, le néolibéralisme s’est imposé comme la seule force contraire aux idéologies collectivistes de droite comme de gauche, mais son image s’est ternie à mesure que des régimes autoritaires se sont emparés de son volet économique pour réformer leur pays au pas de charge. Ce qui rend encore attractif cet agenda auprès des gouvernements, c’est qu’il est perçu comme étant transposable en d’autres lieux et d’autres temps, même si le décliner en politiques publiques n’est pas chose facile.
Dans la doctrine libérale, la privatisation fait rentrer le secteur public dans le secteur privé par la vente des actifs étatiques, alors que la dérégulation fait rentrer le secteur privé dans le secteur public par l’ouverture des actifs étatiques
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