Les macronistes reprochent à la chancelière allemande, en fin de règne, d’être devenue un frein pour les réformes en Europe.
C’est une musique qui va crescendo. Plus les semaines passent et plus les responsables de la campagne européenne de La République en marche (LRM) n’hésitent pas à lâcher leurs coups contre l’allié allemand. Une posture assumée par la tête de liste, Nathalie Loiseau, qui a récemment tonné contre l’ouverture de négociations commerciales, soutenues outre-Rhin, entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
La France s’y opposait, car elle ne veut pas négocier avec un partenaire hostile aux accords de Paris sur le climat. « Est-ce que ce n’est pas désolant de voir le manque de vision de certains de nos partenaires et leur mollesse ?, s’est agacée Mme Loiseau, mercredi 10 avril, devant les responsables de la confédération des PME. Aujourd’hui, en Europe, il y a des pays où les gouvernements sont fragiles, où les coalitions tanguent. Vous avez des dirigeants européens qui seront bientôt sortis de la vie politique. Ça provoque de la frilosité, ça n’incite pas à l’audace. »
Une attaque directe – sans toutefois la citer – contre la chancelière allemande Angela Merkel, qui doit en théorie quitter le pouvoir en 2021, mais pourrait être poussée vers la sortie avant cette date. Certes, regrette-t-on au sein de la direction de la campagne macroniste, ces propos rapportés par l’AFP « n’avaient pas vocation à être publics ». « Il n’y a pas de ligne anti-Merkel ou anti-allemande », assure un cadre. Mais ces déclarations s’inscrivent dans une stratégie assumée.
« Forme d’hypocrisie »
Lancinant depuis plusieurs mois au sein de la majorité, le discours offensif à l’égard de l’Allemagne s’énonce sans détour depuis le dernier sommet européen sur le Brexit, le 10 avril. M. Macron et Mme Merkel s’y sont opposés sur l’attitude à avoir face aux difficultés du Royaume-Uni à adopter un plan de départ. Le premier refusait d’accorder un report trop long du Brexit, quand la seconde voulait se montrer conciliante.
Là où le président de la République et ses soutiens viseraient à une « renaissance » du projet européen, la droite allemande jouerait dans le camp des « frileux ». « Il y a une forme d’hypocrisie chez certains responsables politiques allemands qui utilisent le Brexit pour défendre l’immobilisme au mépris du projet européen et de ses peuples », cingle le député LRM des Français de l’étranger, Pieyre-Alexandre Anglade, responsable des affaires européennes au sein du parti. De l’autre côté du Rhin, le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen, avait pour sa part accusé M. Macron de « donner la priorité à ses intérêts de politique intérieure sur l’unité européenne ».
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