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Avant de devenir un film à très gros budget réalisé par Luc Besson (Valérian et la Cité des mille planètes, qui sort en France mercredi 26 juillet), Valérian a été une bande dessinée, qu’on classe aujourd’hui doublement parmi les grands classiques du neuvième art et les œuvres fondatrices de la science-fiction française.

Nés en 1967 dans les pages du journal Pilote sous la plume du scénariste Pierre Christin et le pinceau du dessinateur Jean-Claude Mézières, le héros spatio-temporel et sa compagne, Laureline, ont multiplié les aventures – à travers une vingtaine d’albums publiés – dans un registre mêlant les codes du space opera et ceux de l’anticipation politique. Pour Pixels, les deux créateurs de la saga reviennent sur les origines et les spécificités d’une œuvre remise sur les devants de la scène à la faveur d’une adaptation à l’écran particulièrement attendue.

Le film de Luc Besson fait sortir Valériande l’oubli dans lequel il a peu à peu plongé.

Jean-Claude Mézières : On ne peut pas dire cela. Les albums ont toujours continué à se vendre, en moindre quantité qu’auparavant bien sûr, comme pour toute série ancienne.

Pierre Christin : La série vit aujourd’hui un phénomène semblable à celui des comics américains que le cinéma a réhabilités en rajeunissant leur public. C’est émouvant et un peu mystérieux. Il y a, paraît-il, des pubs pour le film dans le métro de Shanghai. Je me demande bien ce qu’un héros un peu franchouillard comme Valérian peut susciter chez un petit Chinois…

Aviez-vous envisagé une adaptation à l’écran de votre série ? En rêviez-vous ?

J.-C. M. : On peut rêver de tout ce qu’on veut, mais ça ne fait pas bouger le schmilblick. Il faut un mec de la taille de Besson qui dise « moi je veux le faire » pour que cela avance. Il s’est battu pendant dix ans, depuis l’acquisition de la première option sur les droits audiovisuels. On est, ici, dans le cas typique du lecteur de 12 ans qui a littéralement plongé dans Valérian et qui, quarante ans plus tard, réalise son fantasme. Au départ, on n’y croyait que très moyennement.

P. C. : On ne s’est jamais posé la question d’une adaptation à l’écran, alors que nous sommes nous-mêmes des grands fans de cinéma. Quand on a su que Besson allait tenter de faire le film, cela n’a changé aucunement notre manière d’écrire les albums les plus récents. Penser faire une BD en vue d’une adaptation au cinéma est une cause de faiblesse. Ce sont deux arts très différents. Pour les éditeurs de bande dessinée, un film peut rapporter autant voire plus que dix ou vingt albums ; mais cela amène parfois les épisodes à...


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