Le consultant Bruno Rocquemont met en garde, dans une tribune au « Monde », contre le coût financier d’une pérennisation de la prime exceptionnelle de décembre 2018, tant pour les entreprises que pour le gouvernement
Tribune. Lorsque le Président de la République annonce, le 10 décembre 2018, l’instauration d’une prime exceptionnelle défiscalisée en réponse au mouvement des « gilets jaunes », la mesure n’a pas vertu à être pérennisée dans le temps. Son objectif, largement salué par l’opinion publique, est d’apporter un soutien financier d’un montant maximum de 1 000 euros pour les Français dont le salaire est inférieur à trois fois le smic.
Il s’opère alors, en France, un large mouvement de solidarité des entreprises qui, au total, verseront entre décembre 2018 et mars 2019 plus de 2,19 milliards d’euros à leurs salariés. Ce sont ainsi près de cinq millions de Français qui ont pu bénéficier de cette mesure, pour un montant moyen de 401 €. Si de nombreux grands groupes ont annoncé leur participation à cet élan social, ce sont surtout les entreprises de moins de 50 salariés qui se sont mobilisés pour leurs salariés.
Cet effort exceptionnel ne devait être qu’une opération ponctuelle. L’absence de recette fiscale liée à son application a d’ailleurs un impact non négligeable. Sur un montant total de 2,19 milliards d’euros versé à travers cette prime, le « manque à gagner » pour l’État peut être évalué à près d’1,8 milliard d’euros.
Le 12 juin 2019, toutefois, le Premier Ministre Édouard Philippe annonce la reconduction de cette prime pour la fin 2019 dans un contexte social toujours sensible. En y ajoutant une condition complémentaire : introduire dans les entreprises un dispositif d’intéressement avant le 30 juin 2020. Les contours de cette pérennisation ont été précisés dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2020.
La pérennisation de la prime Macron présente un coût
Mais, reconduire cette prime pour une année supplémentaire n’est pas sans risque pour les entreprises. Certes, elles avaient favorablement accueilli l’annonce de sa défiscalisation pour soutenir le pouvoir d’achat de leurs salariés. La plus grande part des entreprises ayant participé à cet élan de solidarité ont été des TPE et PME de moins de 50 salariés. Elles ont très largement concouru à son succès.
Mais la pérennisation de cette prime présente un coût. À l’inverse des heures supplémentaires, également défiscalisées, cette prime n’est pas créatrice de richesse pour l’entreprise. Elle devient même une source de dépenses majeure lorsque son intégration au budget prévisionnel réduit de facto ses marges de manœuvre.
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