Dans une lettre, datée du 3 juillet 1776, à sa femme Abigail, John Adams donne le ton à deux siècles de fêtes de l’indépendance américaine. «Celle-ci doit être célébrée dans le faste et le décorum, écrit-il, avec des spectacles, des jeux, du sport, des canons, des cloches, des feux de joie et des illuminations, d’un bout à l’autre de ce continent, aujourd’hui et pour l’éternité.»
Or si les feux d’artifice sont aujourd’hui associés aux fêtes de l’indépendance dans l’esprit de la plupart des Américains, la requête de John Adams qui voulait «des feux de joie et des illuminations» est en réalité le reflet de l’enthousiasme généralisé des Européens du XVIIIe siècle pour la pyrotechnie, élément essentiel de toute célébration de l’époque. Pour Louis XV, par exemple, tout événement méritant un peu de faste et de cérémonie se devait d’avoir son feu d’artifice. De gigantesques spectacles pyrotechniques ont ainsi été organisés, entre autres, pour le mariage d’Élisabeth de France et de Philippe d’Espagne en 1739, pour la bataille de Fontenoy en 1745 et pour la prise d’Ypres en 1747.
Tous les spectacles de Louis XV étaient créés par les artificiers officiels du roi, les frères Ruggieri, dont l’entreprise existe encore à ce jour et qui ont inventé presque tout ce qui fait les feux d’artifice actuels. Les effets de mouvement, les formes spectaculaires, la «mèche rapide», utilisée pour allumer plusieurs fusées simultanément, font partie de leurs innovations.
Malheureusement, les créations pyrotechniques des Ruggieri ont aussi donné naissance à ce que le Guinness des records considère encore aujourd’hui comme le plus grand accident pyrotechnique international en nombre de morts.
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