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Jusqu’ici, la repentance du président de la République était restée uniquement verbale. Mais des premiers signes de passage à l’acte sont apparus ces dernières semaines.

Chat échaudé craint l’eau froide, dit le proverbe. Après avoir réformé au pas de charge et souvent dans la confrontation lors des deux premières années de son mandat, Emmanuel Macron a promis d’avancer plus prudemment pour la seconde partie du quinquennat. « Nous sommes entrés dans une phase où il faut sans doute bien davantage de temps de délibérations », a reconnu le chef de l’Etat lors de sa conférence de presse de sortie du grand débat national, le 25 avril. « Le sentiment que j’ai donné, c’était une sorte d’injonction permanente d’être dur, parfois injuste et je le regrette », avait-il ajouté.

Jusqu’ici, la repentance était restée uniquement verbale, faisant craindre à certains qu’il ne s’agissait là que de tactique. Mais des premiers signes de passage à l’acte sont apparus ces dernières semaines, donnant corps à la nouvelle approche présidentielle. Mi-juillet, l’exécutif a ainsi fait savoir qu’il renonçait à prendre de nouvelles mesures d’économies pour financer les retraites à court terme. Bercy réclamait, au nom de l’équilibre des comptes, d’allonger dès cet automne la durée de cotisation pour bénéficier d’une pension à taux plein. Trop explosif, alors qu’une réforme systémique est sur la table, ont estimé les deux têtes de l’exécutif. « Matignon s’est très vite rendu compte que cela empêcherait d’avoir tout le monde sur la ligne de départ », explique un ministre qui a suivi les discussions.

Desserrer l’étau

Même recul, la semaine dernière, sur la diminution du nombre de fonctionnaires. Lors de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à supprimer 50 000 postes d’agents de l’Etat d’ici à 2022. Un choix difficilement tenable alors que les Français ont réclamé davantage de services publics lors du grand débat national et que le président s’est engagé à remettre des fonctionnaires au plus près du terrain, notamment à travers la création de maisons « France services » dans tous les cantons.

Résultat : le gouvernement ne devrait finalement supprimer que 15 000 postes, selon différentes sources. « L’objectif de 50 000 d’ici à 2022 paraît extrêmement difficile à atteindre », a reconnu le 17 juillet le secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, alors qu’Edouard Philippe assurait encore l’automne dernier que celui-ci serait « tenu ». Il faut dire que le gouvernement ne s’est pas montré très allant : en 2018, l’Etat n’a réduit ses effectifs que de 1 660 postes et l’objectif pour 2019 s’élève à « seulement » 4 164 suppressions.


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