Avec l’entrée en vigueur des nouvelles règles concernant l’âge légal de départ, de nombreux travailleurs de l’hôpital public ne pourront plus, à terme, partir à 57 ans, comme aujourd’hui.
Parmi les nombreuses mesures préconisées par Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, c’est l’une de celles qui va causer les plus gros remous : la fin des départs anticipés pour les salariés des régimes spéciaux (SNCF, RATP…) et pour certains fonctionnaires relevant des catégories dites « actives ». A l’heure actuelle, toutes ces personnes peuvent demander, suivant les cas, le versement de leur pension à partir de 52 ou 57 ans, suivant les cas, contre 62 ans pour les autres travailleurs soumis au droit commun de l’âge légal. A l’avenir, ces dérogations, accordées du fait de la pénibilité ou de la dangerosité des métiers exercés, seront supprimées – sauf pour les agents publics exposés à des risques particulièrement élevés (policiers, pompiers…).
Toutefois, ceux qui perdent un tel avantage pourront, en contrepartie, bénéficier de dispositifs réservés jusqu’à maintenant au privé : il s’agit notamment du compte professionnel de prévention (C2P), mis en place pour les salariés soumis à des conditions de travail éprouvantes ; ces derniers accumulent des points qui, à terme, leur donnent des droits (formation, cessation précoce de carrière…).
« Nous allons payer un lourd tribut »
L’entrée en application de ces nouvelles règles sera étalée sur de longues périodes de transition. Ne seront concernées que les personnes n’ayant pas atteint, à la fin décembre 2024, une certaine durée de service (de dix-sept ou vingt-sept ans selon les cas). Celles-ci auront la possibilité de faire valoir leurs droits à la retraite à un âge qui sera progressivement relevé. Ainsi, les premiers à devoir partir à 62 ans sont ceux nés en 1982 (s’agissant des fonctionnaires et salariés qui pouvaient jusqu’alors réclamer leur pension à 57 ans).
L’impact de ces nouvelles dispositions sera particulièrement fort dans les hôpitaux publics, avec leurs bataillons d’aides-soignants (près de 207 000 personnes) et d’agents de service hospitaliers (61 000), qui ne pourront donc plus, à terme, partir à 57 ans, comme aujourd’hui. Un tel changement, qui survient dans un contexte social déjà troublé au sein de ces établissements, est critiqué. « Nous y sommes défavorables », confie Mireille Stivala (fédération CGT santé-action sociale). La législation actuelle constitue « une reconnaissance de la pénibilité de ces métiers, qu’il fallait étendre aux salariés du privé », ajoute-t-elle. Bien souvent, les personnes touchées arrivent « cassées » en fin de carrière, avant même de pouvoir liquider leur pension. Ce sont, qui plus est, des emplois « hautement féminisés et mal rémunérés ». « Une fois de plus, les femmes seront pénalisées », déplore Mme Stivala.
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