En ville, l'air pollué contient souvent des nanoparticules de magnétite qui peuvent être inhalées et même se retrouver dans le cerveau. Précédemment, des travaux ont suggéré que la magnétite risquait de favoriser Alzheimer via des réactions d'oxydoréduction. Mais une nouvelle étude du CNRS remet en cause cette hypothèse.
En ville, des nanoparticules de magnétite issues de la combustion peuvent être présentes dans l'air pollué et donc être inhalées par les habitants. En 2016, une étude avait montré que ces nanoparticules, qui mesurent moins de 200 nm de diamètre, peuvent pénétrer dans le cerveau, d'où un risque pour la santé humaine et en particulier d'Alzheimer. D'autres travaux datant de 2007 avaient suggéré que la magnétite pouvait être à l'origine de réactions d'oxydoréduction néfastes.
Dans la revue Angewandte Chemie International Edition, des chercheurs du CNRS publient de nouveaux résultats à ce sujet : dans des conditions correspondant à celles de l'organisme, les nanoparticules de magnétite ne s'associent pas aux peptides amyloïdes, les molécules qui ont tendance à s'accumuler en plaques dans la maladie d'Alzheimer.
La magnétite ne provoque pas de réaction d’oxydoréduction
D'après le communiqué du CNRS, la magnétite serait inerte dans le corps humain et ne provoquerait pas d'oxydoréduction, une réaction chimique susceptible de provoquer un stress oxydatif. Elle ne pourrait donc pas être tenue responsable de la neurodégénérescence liée au stress oxydatif. Le communiqué conclut « Cette étude doit conduire à une relecture attentive des travaux exprimant le caractère dangereux de la magnétite dans le cerveau humain. »
Le saviez-vous ?
La magnétite est un minéral ferromagnétique de formule Fe3O4 présent sous forme de cristaux dans des roches magmatiques. Capable de s’aimanter naturellement, elle est utilisée dans des boussoles. Elle est aussi présente dans des cellules de certains animaux qui peuvent s’orienter grâce au champ magnétique terrestre, comme le pigeon.
Mais la magnétite pourrait-elle avoir un effet nocif par un autre mécanisme, par exemple à cause de ses propriétés magnétiques ? Contacté par mail, Bernard Meunier, directeur de recherche au CNRS de Toulouse et un des auteurs de cette étude, a expliqué « Notre publication remet en cause les publications sur la "piste" de la liaison de la magnétite aux amyloïdes et à la production de réactions d'oxydoréduction. Il existe effectivement de la magnétite dans le cerveau humain en très faible quantité (d'autres espèces vivantes en possèdent beaucoup plus). À ma connaissance, il n'a pas été établi de lien entre les propriétés magnétiques de la magnétite et la maladie d'Alzheimer. »
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