L'Inserm publie une nouvelle étude pour alerter sur le risque de l'effet cocktail des perturbateurs endocriniens pour la croissance des fœtus. Les effets sont plus importants quand les molécules sont combinées plutôt que seules.
- Les chercheurs mettent en évidence l'effet cocktail des perturbateurs endocriniens pendant la grossesse.
- Une exposition pendant le premier trimestre pourrait avoir des effets sur le développement du testicule de fœtus masculins.
- Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion en étudiant 27 molécules grâce à un modèle mathématique.
L'utilisation accrue de nouveau matériaux, produits, procédés industriels et agricoles caractéristiques du mode de vie « moderne » a conduit à une contamination des environnements (domestiques, professionnels, alimentaire...) par de multiples molécules chimiques. Plusieurs d'entre elles ont été identifiées comme exerçant des effets perturbateurs endocriniens, et plus particulièrement comme anti-androgènes (c'est-à-dire anti-testostérone). Il apparaît désormais clair que continuer à focaliser les recherches sur ces produits chimiques « individuels » est de nature à sous-estimer le risque lié à leurs expositions simultanées, particulièrement chez les femmes enceintes.
Des preuves expérimentales, notamment sur différentes espèces animales et sur des lignées cellulaires en culture, étayent la notion « d'effet mélange », souvent aussi appelé « effet cocktail ». Toutefois, et paradoxalement, au vu des enjeux pour la santé humaine, la preuve de concept de l'existence de ces « effets cocktails » n'a pas encore été apportée chez l'Homme.
Les auteurs de ce nouvel article ont développé des modèles de prédiction mathématique de ces effets combinés à partir des profils toxicologiques individuels des molécules. Ces modèles mathématiques sont la première étape pour l'évaluation du risque lié à l'exposition à des mélanges de perturbateurs endocriniens chez l'Homme, et en particulier ici la femme enceinte. Le travail réalisé avait un double objectif :
- élargir le répertoire des molécules aux propriétés perturbatrices endocriniennes chez l'Homme ;
- vérifier l'adéquation de données expérimentales des mélanges aux prédictions mathématiques.
Les chercheurs de l’Irset (avec l'appui de collègues du CHU de Rennes, et du professeur Andréas Kortenkamp) et le docteur M. Scholze, de l'université de Brunel, à Londres, ont mis en œuvre une démarche expérimentale inédite. Ils ont ainsi criblé 27 molécules, comportant 7 médicaments, 14 molécules chimiques d'usage industriel (pesticides...) et 6 molécules dites socio-culturelles (alcool, caféine...) : 11 molécules aux propriétés perturbatrices endocriniennes ont alors été identifiées, dont certaines pour la toute première fois chez l'Homme.
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