Haji Zai (Pakistan) (AFP) - Abbas Khan plonge un fil électrique alimenté par un générateur brinquebalant dans l'eau vive, une technique de pêche hasardeuse qui tue des pêcheurs et décime les poissons de la rivière Kaboul, dans le nord-ouest du Pakistan.
Certes, elle est moins polluante que d'autres, mais elle a déjà coûté la vie à plusieurs de ses amis, admet Abbas Khan.
Chaque jour, des centaines de pêcheurs risquent tout pour pêcher des "sher mahi". Ces poissons font la renommée de la rivière Kaboul, qui prend sa source dans le massif de l'Hindou Kouch en Afghanistan et se jette dans le fleuve Indus au Pakistan.
Certains pêcheurs passent leurs journées à cheval sur des chambres à air gonflées, jetant leur filet dans le courant. D'autres ont recours à des techniques plus brutales, et illégales: déverser des pesticides directement dans l'eau ou, comme Abbas Khan, utiliser une espèce d'épuisette électrique pour assommer de petites proies. Les plus pressés pratiquent aussi la pêche à la "bombe Khatin": la dynamite.
Ces techniques tuent à l'aveugle, mettant en péril la population de sher mahi, s'inquiètent les pêcheurs traditionnels qui vivent de la vente de ce poisson, considéré comme le plus savoureux du nord-ouest pakistanais.
"Pêcher à la dynamite ou au générateur tue l'espèce", déplore l'un d'eux, Ghani Ur Rehman.
Depuis 25 ans, il passe des heures chaque jour installé sur une chambre à air, pour pêcher au filet quelques kilos. Il dit gagner de 600 à 1.000 roupies (5 à 9 euros) par jour en moyenne, et jusqu'à 10.000 roupies (87 euros) les bons jours.
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