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Avant qu'un médicament n'arrive sur le marché, il subit des tests précliniques sur des animaux de laboratoire. Problème : la grande majorité de ces études utilisent des animaux mâles, sélectionnant ainsi les médicaments les plus efficaces sur eux, mais pas forcément sur les femelles...


Ce qu'il faut retenir
  • En recherche médicale, un candidat médicament est d'abord testé sur des animaux, en phase préclinique.
  • Ces recherches sur les animaux se font surtout sur des mâles.
  • Les femmes n'ont peut-être pas accès aux meilleurs traitements pour elles à cause de ce biais dans les études.

Avant d'être testés lors d'essais cliniques sur des humains, les médicaments passent des tests sur des animaux durant la phase préclinique. Or, les chercheurs préfèrent souvent travailler sur des animaux mâles : ils considèrent que les cycles hormonaux féminins peuvent affecter les résultats et partent du présupposé que ce qui fonctionne chez des mâles est aussi efficace chez des femelles.

Résultat : les trois quarts des études précliniques n'utilisent que des animaux mâles. Ainsi, dans une étude parue dans Surgery en 2014, des chercheurs de l'université Northwestern, à Chicago (États-Unis), ont analysé 2.347 articles scientifiques parus entre 2011 et 2012 ; 618 portaient sur des animaux ou des cellules. Pour les publications qui indiquaient le sexe des animaux, 80 % n'incluaient que des mâles.

La question que l'on peut se poser est de savoir si la recherche médicale qui étudie surtout des mâles empêche les femmes d'accéder aux meilleurs soins. Pour savoir s'il y avait beaucoup de différences entre des souris mâles ou femelles, des chercheurs du centre Sanger, à Cambridge (Royaume-Uni), ont comparé 234 traits physiques chez 14.000 souris mâles et femelles. Pour 57 % des traits qui pouvaient être quantifiés, comme le taux de cholestérol ou la masse osseuse, il existait des différences entre les sexes.

Inégalité des sexes dans la recherche clinique et préclinique

Ils ont aussi étudié 40.000 autres souris, chez lesquelles un gène avait été inactivé. Ils ont observé que l'inactivation du gène n'avait pas les mêmes effets selon le sexe, ce qui suggère que les maladies génétiques se manifestent différemment chez les mâles et les femelles.

Ces résultats, parus dans la revue Nature Communications, suggèrent que, étant donné les nombreuses différences physiologiques entre les sexes, il faudrait donc concevoir des traitements différents pour les hommes et les femmes. En effet, les médicaments optimisés pour des animaux mâles risquent d'être moins efficaces sur des animaux femelles, et donc sur des femmes, voire pourraient leur causer des problèmes. Il semble que ce soit bel et bien le cas : entre 1997 et 2001, environ 80 % des médicaments retirés du marché aux États-Unis posaient plus de problèmes aux femmes qu'aux hommes, d'après un document du sénat américain.


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