Leader des cartes graphiques pour jeux vidéo, la société américaine, dont le chiffre d’affaires a plus que doublé en trois ans participe désormais à l’entraînement des algorithmes d’IA.
La puce n’est pas plus grande que le bout du pouce. A peine 7 cm2, mais 18,6 milliards de transistors intégrés. Et une puissance de calcul inégalée. « C’est le processeur graphique le plus puissant que nous ayons jamais conçu », s’enthousiasme Jay Puri, vice-président de Nvidia, chargé des opérations commerciales mondiales. Derrière le responsable, un PC fait tourner l’un des derniers jeux vidéo du moment dans des conditions optimales.
Fondée en 1993, Nvidia a acquis ses lettres de noblesse auprès des joueurs à la recherche des dernières prouesses technologiques. Mais, depuis quelques années, l’entreprise américaine a pris une nouvelle envergure. Ses processeurs graphiques (graphics processing unit, GPU) ont envahi les « data centers » (« centres de données »), où ils participent notamment à l’entraînement des algorithmes d’intelligence artificielle. Ils propulsent aussi les voitures sans conducteur et sont utilisés dans la robotique, la ville connectée ou l’imagerie médicale. La société est devenue l’un des acteurs incontournables du Consumer Electronics Show (CES), la grand-messe de l’électronique grand public qui se tient jusqu’au 11 janvier, à Las Vegas, dans le Nevada.
Pour mesurer les récents succès de Nvidia, il y a d’abord les comptes. Depuis 2016, le chiffre d’affaires a été multiplié par près de 2,5. Au cours de l’exercice en cours, qui se terminera fin janvier, il devrait ainsi dépasser les 12 milliards de dollars (10,5 milliards d’euros). Et ses profits se sont envolés dans des proportions encore plus grandes : autour de 4,5 milliards de dollars, contre seulement 660 millions il y a trois ans. En Bourse, son action est passée, dans le même intervalle, de 30 dollars à 136 dollars.
Une visite du siège social situé à Santa Clara, au cœur de la Silicon Valley californienne, constitue un autre indicateur de la croissance de l’entreprise. A l’été 2017, elle a inauguré un nouveau bâtiment à l’allure futuriste, pour compléter des bureaux devenus beaucoup trop étroits. En forme de triangle, une des figures de base du graphisme informatique, ils s’étendent sur près de 50 000 m2 et accueillent 2 500 employés. Un deuxième immeuble, reprenant le même design, mais 50 % plus grand, doit ouvrir ses portes en 2022.
Anticipation de la fin de la loi de Moore
Derrière la réussite de Nvidia se cache son fondateur et patron, Jensen Huang. Veste en cuir et verbe haut, cet immigré taïwanais de 55 ans, arrivé aux Etats-Unis lorsqu’il était enfant, n’assure pas simplement le spectacle lorsqu’il monte sur scène pour présenter les dernières innovations. « Sa vision a été déterminante, explique Alan Priestley, analyste au sein du cabinet Gartner. Il veut résoudre des problèmes complexes et n’hésite pas à investir massivement pour y parvenir. »
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