Ligne ferroviaire Lyon-Turin : malgré les tensions, Rome valide le lancement des appels d’offres

Economie

La décision, attendue, intervient après de vives polémiques au sein de la coalition gouvernementale à Rome sur le projet franco-italien, dont le coût est estimé à plus de 20 milliards d’euros.

L’Italie a finalement donné son accord, lundi 11 mars, au lancement d’appels d’offres concernant la poursuite des travaux de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin. La procédure devait commencer au plus tard lundi, dernier jour pour accéder à 300 millions d’euros de fonds européens prévus pour le projet, vieux de plusieurs décennies et à l’origine de désaccords profonds au sein du gouvernement italien durant ces derniers mois.

Le conseil d’administration de la société TELT, maître d’ouvrage du projet détenu à parts égales par la France et l’Italie, a annoncé dans un communiqué avoir décidé de « donner suite aux procédures d’appel d’offres relatives aux travaux en France pour le tunnel de base, pour un montant estimé à 2,3 milliards d’euros ». Ledit tunnel, long de 57,5 km et budgété à 8,6 milliards d’euros, a déjà commencé à être creusé ; il constitue l’élément central de la future liaison ferroviaire.

Le projet de liaison ferroviaire alimente depuis des mois des polémiques entre les différents courants de la coalition gouvernementale italienne. Le parti d’extrême droite la Ligue, menée par le vice-premier ministre Matteo Salvini, est favorable à cette nouvelle infrastructure, alors que l’antisystème Mouvement 5 étoiles (M5S) du second vice-premier ministre Luigi Di Maio reste farouchement opposé au projet, qu’il considère comme un gaspillage d’argent public. La ministre française des transports, Elisabeth Borne, a de son côté salué immédiatement la décision de TELT, lundi, la qualifiant dans un communiqué d’« étape positive dans l’intérêt du projet ».

Une procédure qui pourra « être interrompue »

« L’objectif est de préserver la totalité de la contribution du financement européen en permettant l’approfondissement et la libre confrontation entre l’Italie et la France ainsi qu’avec l’Union européenne », précise le maître d’ouvrage TELT. « A cette fin, il est confirmé que figure dans les avis de marchés l’indication de pouvoir interrompre, sans obligations et sans coûts, la procédure dans toutes ses étapes », ajoute le communiqué, qui répond sur ce point à une demande insistante de l’Italie.

Lors d’une conférence de presse, le jeudi 6 mars, le président du conseil italien, Giuseppe Conte, proche du M5S, avait dit vouloir « rediscuter intégralement » le projet Lyon-Turin, exprimant « de forts doutes et sa perplexité quant à l’opportunité de cet ouvrage ». L’Italie souhaite, en particulier, que soit revue la répartition du financement de la future ligne, dont le coût est supporté à 40 % par l’UE, 35 % par l’Italie et 25 % par la France, cette dernière ayant « réaffirmé son attachement », avant l’annonce des appels d’offres, se disant le vendredi 7 mars« convaincue de la pertinence de ce projet majeur ». Il vise principalement à réduire les transports de marchandises en camion au profit du rail, et à diviser par deux le temps de trajet pour les passagers en mettant Turin à deux heures de Lyon.


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