En très grande difficulté financière, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) a, de nouveau, dû être secourue par l’Etat. Selon les informations du Monde, cet établissement public a reçu 27 millions d’euros, en deux versements effectués sur les mois de juin et de juillet.
Cette aide s’ajoute à la « subvention exceptionnelle » de 33 millions d’euros attribuée fin 2017 pour permettre à l’opérateur de « terminer l’année », selon la formule de la ministre du travail, Muriel Pénicaud. Sans le nouveau bol d’oxygène apporté au début de l’été, l’agence n’aurait pas été en mesure de payer ses salariés, précise une source au cœur du dossier.
Cet épisode illustre l’extrême fragilité du plus important organisme de formation de France. L’AFPA affiche des « pertes cumulées » de 725 millions d’euros depuis 2012, selon un audit de l’Inspection générale des affaires sociales et de l’Inspection générale des finances, présenté en janvier. Comparé à 2011, le chiffre d’affaires de 2017 (738 millions d’euros) est en recul de 14 %, mais il se redresse légèrement depuis deux ans. Pour autant, les comptes restent dans le rouge, avec un excédent brut d’exploitation de – 24 millions en 2017 (contre – 47 millions en 2015).
Retards de paiement
Depuis le début de l’année, la situation ne s’est pas améliorée. Plusieurs sources indiquent que les résultats de l’établissement public sont, pour le moment, inférieurs à ce qui a été programmé dans le budget pour 2018. La faute, entre autres, à des retards de paiement, au détriment de l’AFPA, et à des marchés publics qui ont été engagés (ou vont être engagés) plus tard que prévu.
Un plan stratégique est en cours d’élaboration depuis plusieurs mois, afin de ramener l’agence au-dessus de la ligne de flottaison. Mais son contenu n’a toujours pas été divulgué. « Rien ne filtre sur les différents scénarios envisagés », soupire un salarié. L’ensemble des personnels craignent que des mesures draconiennes soient annoncées, avec la fermeture de plusieurs centres de formation et des coupes claires dans les effectifs (certains ayant évoqué 2 000 suppressions de postes, sur environ 8 000).
Limite d’âge repoussée
C’est dans ce contexte qu’un nouveau président va être désigné à l’AFPA. Il s’agit de Jean-Pierre Geneslay, qui a fait son entrée au conseil d’administration début juillet, en qualité de personnalité qualifiée. Jusqu’à présent, les textes interdisaient à M. Geneslay de prendre la présidence de l’agence car l’intéressé, ayant 69 ans, était au-dessus de la limite d’âge (65 à 67 ans, suivant les cas). Mais un décret, publié au Journal officiel (JO) du vendredi 27 juillet, repousse ce seuil à 70 ans, pour l’AFPA.
Par conséquent, plus rien ne s’oppose à ce que M. Geneslay accède au fauteuil de président, occupé par Jean-François Verdier, un inspecteur général des finances, qui assurait l’intérim depuis le départ d’Yves Barou à l’automne 2017. Cette nomination va faire l’objet d’un décret du président de la République, qui devrait paraître au JO dans les prochains jours.
M. Geneslay, qui s’est présenté aux autres administrateurs de l’AFPA, jeudi 26 juillet, a accompli une très large partie de sa carrière dans l’agroalimentaire. Il a notamment dirigé le fabricant de papillotes Révillon. En 2009, il avait été associé à un groupe de réflexion, mis en place par le gouvernement Fillon, pour réfléchir sur le recours au chômage partiel dans les entreprises, en période de crise.
Il est également administrateur (Medef) de l’Association pour l’emploi des cadres et a présidé L’Alliance 7, la fédération patronale des produits de l’épicerie et de la nutrition spécialisée. « C’est un grand professionnel qui a une grande expérience dans plusieurs domaines et connaît aussi bien l’entreprise que le monde de la formation », avait indiqué, début juillet au Monde, un collaborateur de Mme Pénicaud.
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