L’entourage de M. Mélenchon s’est défendu de tout antisémitisme, en soulignant qu’il voulait par ces mots dire qu’il ne se laisserait « pas influencer par des lobbys quels qu’ils soient, financiers ou communautaristes ».
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a dénoncé, samedi 14 décembre, des « propos inadmissibles » du leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, qui avait critiqué ses « ukases » et son « communautarisme » en commentant le résultat des élections britanniques sur son blog personnel.
Ces propos « relèvent d’un amalgame aussi choquant que surprenant : quel lien existe-t-il entre le CRIF et les élections britanniques ? », a estimé le président du CRIF, Francis Kalifat, dans un communiqué publié samedi soir sur Twitter, en estimant que M. Mélenchon « tombe dans une dérive complotiste qui en dit long sur l’évolution de sa pensée ».
« Les divers réseaux d’influence du Likoud »
M. Mélenchon avait évoqué le CRIF dans un post de blog commentant la défaite historique du travailliste Jeremy Corbyn, accusé pendant la campagne d’ambiguïté face à l’antisémitisme. « Retraite à points, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogants des communautaristes du CRIF : c’est non », a écrit le chef de file de LFI.
Il explique que M. Corbyn a « passé son temps à se faire insulter et tirer dans le dos », y compris dans son propre camp, et a « dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud (…) Au lieu de riposter, il a passé son temps à s’excuser et à donner des gages. Dans les deux cas il a affiché une faiblesse qui a inquiété les secteurs populaires. »
Contacté, l’entourage de M. Mélenchon s’est défendu de tout antisémitisme auprès de l’Agence France-Presse (AFP), en soulignant qu’il voulait par ces mots dire qu’il ne se laisserait « pas influencer par des lobbys quels qu’ils soient, financiers ou communautaristes ».
Des ministres très critiques
Plusieurs voix gouvernementales se sont depuis exprimées. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé samedi sur Twitter des propos « choquants et inappropriés à notre débat républicain ». « La haine et le complotisme se nourrissent de sous-entendus douteux et de préjugés nauséabonds », a-t-il ajouté. « Castaner l’éborgneur bave de vieilles ficelles de politiciens en déroute : l’insinuation pour mendier des soutiens communautaires. Qui sème la haine sinon la violence qu’il organise ? »,a répliqué M. Mélenchon sur Twitter.
Dimanche, deux autres membres du gouvernement ont critiqué les déclarations de M. Mélenchon. « C’est ignoble, il n’y a pas d’autres mots. Quand j’ai lu ça, je n’en ai pas cru mes yeux », a déclaré sur RTL le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.
Ces propos « sont gravissimes » parce qu’ils « laissent entendre qu’on pourrait imputer une défaite politique, celle de Jeremy Corbyn, à des réseaux juifs », a jugé le secrétaire d’Etat à la jeunesse, Gabriel Attal, sur Radio J. Selon lui, « Jean-Luc Mélenchon doit s’expliquer » sur ces propos « inacceptables », car ils peuvent rappeler les « thèses infamantes » de l’antisémitisme des années 1930.
Lire la suite : « Les ukases arrogants des communautaristes » : le CRIF dénonce des « propos inadmissibles » de Jean-Luc Mélenchon
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