Paris (AFP) - Au moins une centaine de véhicules d'auto-écoles ont défilé mardi matin de la périphérie de Paris vers le centre de la capitale pour dénoncer la dématérialisation de l'inscription au permis de conduire, qui ouvre selon eux la voie à une "uberisation" de leur profession.
Outre Paris, où les manifestants ont rejoint le Champ-de-Mars via le périphérique, des actions similaires étaient prévues à Lyon, Marseille, Toulouse et Nantes, à l'appel des deux principaux syndicats du secteur, le CNPA-Education routière et l'Unidec.
"On va être entre 500 et 800 à Paris, 200 à Lyon et une centaine à Nantes, Marseille et Toulouse, soit environ 1.500 en France. C'est une mobilisation réussie, sachant qu'il y a 10.000 auto-écoles en France", a affirmé à l'AFP le président du CNPA, Patrice Bessonne.
Dans la capitale, une source policière faisait état d'une centaine de véhicules.
Les manifestants, aux voitures décorées de ballons et de drapeaux à l'effigie de leurs syndicats, se sont élancés en quatre cortèges différents à 09H30 pour converger vers leur point de ralliement près de la Tour Eiffel, que les premiers véhicules ont atteint vers 10H30, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les perturbations sur la circulation ont été "limitées", selon la source policière.
A Lyon, une cinquantaine de voitures, venus de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes, étaient rassemblée à proximité du parc de Gerland, selon une journaliste de l'AFP.
"On n'est pas là pour embêter le monde mais pour dire qu'il ne faut pas jouer avec le feu avec la sécurité routière", a expliqué Patrice Bessone.
Les syndicats demandent à être reçus à Matignon "pour avoir des réponses aux sérieuses questions que l'on se pose sur la dématérialisation et sur l'uberisation du secteur", a indiqué M. Bessone.
"Avec cette réforme, on est en train de mettre en péril la formation et donc la sécurité sur la route. L'uberisation de notre profession, c'est 45.000 personnes qu'il va falloir licencier, dans un secteur qui représente un milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel, dont 20% de cotisations qui vont à l'Etat, en plus de 400 millions de TVA", a souligné le secrétaire général de l'Unidec, Jean-Pierre Lemonnier.
"On a connu ça avec les taxis, avec les problèmes que cela cause: est-ce cela qu'on veut pour le permis de conduire ?", a-t-il ajouté, citant l'exemple de l'auto-école en ligne Permigo, lancée en 2015 et qui "vient de déposer le bilan". "Elle faisait travailler de nombreux indépendants sans aucun contrôle. Et 9.000 candidats sont sur le carreau", a-t-il dénoncé.
Dans un communiqué, l'auto-école en ligne agréée En Voiture Simone a mis en garde contre les "amalgames".
"Il ne s'agit pas d'uberisation, loin de là. Le secteur de l'auto-école a un retard dans le numérique qui est considérable. Les procédures administratives qui y étaient associées n'ont pas évolué depuis des dizaines d'années. Le gouvernement a simplement fait en sorte qu'elles correspondent aux outils d'aujourd'hui et aux usages des personnes qui passent le permis de conduire", affirme-t-elle.
Les deux syndicats avaient mobilisé plusieurs centaines de patrons d'auto-écoles dans une manifestation similaire fin février 2016 pour demander notamment le report de la nouvelle épreuve du code de la route. Plus de 300 véhicules avaient défilé à Paris et plusieurs centaines dans d'autres villes de France