Echaudés par plusieurs retournements de marché, les Français restent circonspects vis-à-vis du placement en actions.
C’est pour le moins un paradoxe. Les marchés financiers ont certes battu de nouveaux records en 2019. Pour autant, les sociétés ne semblent pas pressées de s’introduire en Bourse. L’année a cependant été marquée par la plus importante Initial Public Offering (IPO) de l’histoire. Aramco a ainsi fait ses premiers sur les marchés, le 11 décembre. Le géant pétrolier saoudien a levé 25,6 milliards de dollars (23 milliards d’euros), dépassant le précédent record détenu par le groupe chinois de commerce en ligne Alibaba (25 milliards de dollars en 2014, lors de son entrée à Wall Street).
Le fleuron du royaume wahhabite est valorisé à 1 700 milliards de dollars, loin devant Apple (1 200 milliards), Microsoft (1 140 milliards) et Alibaba (1 051 milliards). « Cette opération n’est pas vraiment significative de ce qui se passe sur les marchés. Elle était attendue depuis plus de deux ans et avait dû être reportée plusieurs fois », relativise Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée chez CPR Asset Management.
Dans l’Hexagone, de manière beaucoup plus modeste, la Française des jeux (FDJ) a levé 1,826 milliard d’euros lors de sa privatisation, le 21 novembre, ce qui représente la plus importante introduction en Bourse en France depuis celle de Natixis, en novembre 2006 (4,2 milliards d’euros). Au total, « un demi-million de personnes » ont participé à la souscription, s’était félicité, quelques jours plus tôt, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. « Ce succès marque la réconciliation des Français avec l’économie, les marchés, les entreprises ; une réconciliation nécessaire après la crise financière de 2008 », avait-il estimé.
Faiblesse des taux d’intérêt
Cependant, l’intérêt qu’ont manifesté les épargnants pour la FDJ reste très en deçà du succès des introductions en Bourse antérieures à la crise financière : il y a treize ans, Natixis avait séduit 2,8 millions de particuliers. Quant à EDF, il en avait attiré environ 5 millions en novembre 2005. Un record. Echaudés par plusieurs retournements de marché, les Français se sont détournés de la Bourse et restent circonspects vis-à-vis du placement en actions.
En 2019, Euronext, qui gère entre autres les places de Paris et d’Amsterdam, a recensé 43 introductions, contre 65 en 2018
Les entreprises elles-mêmes sont elles aussi moins attirées par la Bourse qu’auparavant. De fait, Euronext, l’entreprise qui gère les places de Paris, d’Amsterdam, de Bruxelles, de Lisbonne – et, depuis cette année, d’Oslo –, a recensé 43 introductions en 2019, contre 65 en 2018. Les montants levés sont néanmoins comparables (respectivement 4,7 milliards d’euros en 2019 et 4,9 milliards d’euros en 2018).
Lire la suite : Les entreprises ne se bousculent pas au portillon de la Bourse
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