Ils témoignent de la guerre au gré des missions et de leurs reportages. Pour informer sur la bataille menée contre l'organisation Etat islamique à Mossoul (Irak) et la situation de la population sur place, certains journalistes risquent leur vie. Véronique Robert, journaliste pour l'émission "Envoyé spécial" blessée lundi dans l'explosion d'une mine à Mossoul, est morte des suites de ses blessures, a annoncé la direction de France Télévisions, samedi 24 juin. Cette annonce intervient quatre jours après la mort de son binôme, Stephan Villeneuve, journaliste reporter d'images, victime de cette même mine. Leur fixeur, Bakhtiyar Haddad, bien connu des reporters envoyés là-bas, avait lui aussi péri.
Cette zone de conflit est devenue extrêmement dangereuse. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis 2014, vingt-huit journalistes ont été tués en Irak, rappelle le secrétaire général de Reporters sans frontières. Du côté de l'armée irakienne, les pertes humaines se comptent en milliers de personnes, rien qu'à Mossoul.
"Les conditions de travail pour couvrir ce conflit sont les pires qu'on puisse connaître", confirme Arnaud Comte, journaliste à France 2, parti en février en Irak pour suivre la reprise de l'aéroport de Mossoul par les forces armées irakiennes. Sur le terrain, les équipes sont confrontées à une menace omniprésente, imprévisible et protéiforme. "Ce qui est différent, c'est la topographie des lieux – un dédale de ruelles et l'adversaire", analyse Etienne Leenhardt, chef du service enquêtes et reportages de France 2. Snipers, mines, kamikazes... "La concentration de tous ces risques en fait un conflit inédit", poursuit-il.
Le risque des mines et des voitures piégées
Les jihadistes ont ainsi pris l'habitude de piéger les lieux et les objets avec des IED (engin explosif improvisé). Ils glissent des mines dans "un broc, une théière, les livres, l'ouverture d'un frigo". Ils piègent les portes avec un petit fil qui, dès qu'on le touche, actionne un détonateur qui explose au visage. "On en a vu de toutes les tailles", énumère Dorothée Olliéric, grand reporter à France 2 partie en janvier à Mossoul pour assister aux opérations de ratissage des forces spéciales irakiennes et françaises.