Notre correspondant à New York Arnaud Leparmentier conteste trois idées reçues selon lesquelles rien n’a changé depuis la crise née de la faillite de Lehman Brothers.
Marchés. C’est le snobisme du moment : prétendre que dix ans après la faillite de Lehman Brothers et la terrible crise financière, rien n’a changé. Et d’ajouter d’un air entendu qu’elle a accouché du populisme dans tout le monde occidental. Bigre. Qu’il soit permis de s’interroger. En participant à une réunion de jeunes mathématiciens dans Manhattan, on pose des questions sur les traders. Trader ? Mais le métier n’existe plus : ils ont été remplacés par des ordinateurs. Et surtout, la règle Volcker votée en 2010 interdit de spéculer avec l’argent de ses clients. Finis les Nick Leeson ou Jérôme Kerviel qui firent exploser la banque britannique Barings en 1995 et la Société générale en 2007.
Pour s’en assurer, il suffit de regarder le destin de la banque Goldman Sachs, vouée aux gémonies pour son rôle pendant la crise : les traders ont perdu le pouvoir alors que leur chiffre d’affaires s’est divisé par trois depuis 2009 ! Le nouveau patron, David Solomon, vient de la banque d’affaires et place ses proches à tous les postes stratégiques. Il veut même conquérir le marché des particuliers. Dans le monde post-crise, mieux vaut de solides commissions que des profits sur des marchés devenus hypothétiques et surtout très encadrés.
Seconde fausse vérité : la mondialisation « financière », forcément financière, se nourrit de la fraude et des paradis fiscaux. De nouveau, on a beaucoup raillé Nicolas Sarkozy pour avoir assuré un peu trop vite, en 2008 : « Les paradis fiscaux, c’est fini. » En réalité, c’est largement fini en Suisse, qui a « donné » tous ses clients aux Américains. Les fiscalistes du Luxembourg s’ennuient à mourir. Pour frauder, il faut aller loin, très loin, au Panama, en connaissance de cause. Et les paradis légaux, comme l’Irlande ? Justement, le vent tourne, et rapidement. La réforme fiscale de Donald Trump, en taxant les profits à l’étranger, contraint les multinationales américaines à rapatrier leurs profits. Et l’offensive...
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