L'appel du jour : Marine Le Pen et LR
Est-ce le coup d'un soir ou le début d'une longue histoire ? Marine Le Pen a appelé, jeudi 15 mars, à voter pour le candidat des Républicains à l'élection législative partielle de Mayotte. La présidente du Front national, qu'elle entend rebaptiser Rassemblement national à la faveur d'un vote des adhérents, a pris une décision inédite, elle qui avait toujours refusé de donner de telles consignes de votes à ses électeurs et taclait à longueur de journée l'"UMPS".
Lors du congrès du FN, les 10 et 11 mars à Lille, Marine Le Pen avait longuement clamé la nécessité de nouer des alliances, notamment en vue des élections européennes, mais aussi lors des élections locales qui suivront.
A Mayotte, comme l'a expliqué Marine Le Pen jeudi sur CNews :
"Nous n'avons pas réussi à trouver de candidat, ce qui d'ailleurs m'a fait prendre une décision. J'ai entendu Mansour Kamardine [député LR de Mayotte, NDLR] à la commission des Affaires étrangères, il a pris tout à fait conscience de la gravité de la situation de l'île".
"C'est la raison pour laquelle, compte tenu de la gravité de la situation, je pense qu'il faut passer au-dessus de nos étiquettes partisanes et je souhaite que les électeurs qui m'ont fait confiance à l'élection présidentielle à Mayotte se reportent sur le candidat de Mansour Kamardine", a annoncé la présidente du FN, sans mentionner explicitement le parti Les Républicains.
Souhaitée par certains membres de LR, comme l'ex-ministre Thierry Mariani, cette alliance a une nouvelle fois été repoussée par l'état-major du parti jeudi soir. Sur Twitter, Virginie Calmels, vice-présidente de LR, prévient tout de même :
"Comme déjà évoqué nous préférerons toujours perdre plutôt que de gagner grâce à une quelconque alliance avec le FN. Nos valeurs ne se négocient pas à travers des accords électoraux honteux !"
Régulièrement accusé, notamment au sein de son propre camp, de "courir après le Front national", Laurent Wauquiez avait accompli une visite de plusieurs jours sur l'île où il a dénoncé un "abandon" du gouvernement, un terme repris jeudi par Marine Le Pen.
Sur place, le président LR, qui assure sans cesse que la droite "est de retour", a prôné une remise en cause du droit du sol sur le territoire, une mesure souhaitée de longue date... par Marine Le Pen, y compris pour la métropole.
Le chiffre du jour : 69
Alors, est-ce le coup d'un soir ou le début de l'union des droites ? Pour les Français, peut-être ni l'un ni l'autre.
Sept Français sur 10 ne souhaitent pas que le Front national "s'allie avec la droite" dans l'avenir, selon un sondage Odoxa avec Dentsu Consulting, pour Franceinfo et "le Figaro", réalisé après le congrès du FN tenu le week-end dernier et diffusé jeudi 15 mars. Dans le détail, les chiffres sont plus subtils que cela :
- Si 69% des personnes interrogées sont hostiles à une alliance droite/FN, 30% y sont désormais favorables, soit 7 points de plus qu'en septembre 2017.
- Plus d'un sympathisant FN sur 2, soit 55%, soutient une telle alliance. Le pourcentage est en hausse de 9 points.
- Cette idée ne trouve en revanche que 33%, soit une baisse de 2 points, de partisans chez les proches du parti Les Républicains.
Par ailleurs, pour 43% des Français un accord "entre LR et le parti de Marine Le Pen" profiterait le plus à Emmanuel Macron, son parti et sa majorité, qui récupéreraient "les déçus de LR". Pour 37%, il profiterait d'abord à Marine Le Pen et au FN et pour 19% seulement à Laurent Wauquiez et à LR.