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Qui ne rêverait pas de fêter son arrivée à Bercy avec un épilogue heureux dans la tragédie grecque ? Plongé dans le bain de cet épineux dossier qui empoisonne la zone euro depuis 2010, lundi 22 mai, cinq jours à peine après sa nomination à Bercy, l'ancien ministre de l'Agriculture avait assisté, impuissant, à une énième nuit de négociations harassantes, à l'issue de laquelle les principaux acteurs du drame n'étaient toujours pas parvenus à s'entendre. Le fossé qui séparait le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, celui de l'Allemagne, le très austère Wolfgang Schäuble, ainsi que Poul Thomsen, représentant du Fonds monétaire international (FMI), était visiblement trop grand.

Alors cette fois, Bruno Le Maire est bien décidé à jouer un rôle beaucoup plus actif dans le nouvel acte de la tragédie qui va se jouer jeudi 15 juin à Luxembourg, lors de l'eurogroupe. Dans la droite ligne d'Emmanuel Macron, qui avait toujours poussé au compromis lorsqu'il était ministre de l'Économie – au risque de court-circuiter l'ex-ministre des Finances en charge du dossier, Michel Sapin –, l'ancien ministre de l'Agriculture Les Républicains mouille sa chemise pour trouver une issue acceptable pour tout le monde.

Lier le rythme des remboursements à la croissance

Lundi, le nouveau ministre français de l'Économie s'est rendu à Athènes pour présenter au Premier ministre grec, Alexis Tsipras, un compromis imaginé par ses services : lier l'ampleur de l'allègement de la dette grecque à la future croissance du pays. À l'avenir, plus l'activité économique progressera en Grèce, plus elle devra rembourser rapidement ses créanciers européens qui détiennent désormais l'essentiel de sa dette.

Une telle proposition a « permis de débloquer le débat et donné de l'air à tout le monde », se félicite-t-on de source proche du dossier à Paris. Technique, la solution française vise en tout cas clairement à satisfaire à la fois les exigences de l'Allemagne et celles du FMI.

L'institution internationale dirigée par la Française Christine Largarde refuse en effet de participer financièrement au troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros décidé en 2015 et qui arrive à échéance à l'été 2018. Et ce, tant que les Européens n'auront pas précisé les mesures d'allègement de la dette qu'ils comptent prendre, car les règles internes du Fonds lui interdisent de venir en aide à un État si son endettement n'est pas jugé « soutenable ». En clair si le pays concerné risque de ne pas pouvoir assumer ses remboursements.


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